En Argentine, manifestations contre l’assignation à résidence d’un tortionnaire
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En Argentine, manifestations contre l’assignation à résidence d’un tortionnaire

Miguel Etchecolatz avait été condamné à perpétuité pour des crimes commis sous la dictature.

Le Monde | | Par

Manifestation devant la maison de Miguel Etchecolatz pour protester contre son assignation à résidence pour raison de santé, le 7 janvier 2018 à Mar del Plata. Il purgeait jusqu’à présent une peine de prison à perpétuité.

Les escraches, ces manifestations organisées depuis le retour de la démocratie devant les domiciles d’anciens tortionnaires de la dictature militaire (1976-1983), sont de retour en Argentine. Samedi 6 janvier, des centaines de personnes ont manifesté contre les assignations à résidence d’une vingtaine d’anciens tortionnaires, condamnés à la prison à perpétuité pour de graves violations des droits de l’homme.

Le plus emblématique est l’ancien policier Miguel Etchecolatz, 88 ans, bras droit du redoutable général Ramon Camps, ex-chef de la police de la province de Buenos Aires, qui lui avait confié la responsabilité de 21 centres clandestins de détention et de torture.

Les manifestants ont placardé des silhouettes de carton représentant les victimes d’Etchecolatz, pour signaler la maison où vit l’ancien tortionnaire, à Mar del Plata. La veille, une « caravane contre l’impunité » avait envahi la promenade en bordure de mer. A sa tête, les Mères de la place de Mai et Taty Almeida, 87 ans, dont le fils est porté disparu à ce jour. Elle s’est déclarée « inquiète du grand recul de la politique en faveur des droits de l’homme, depuis l’arrivée au pouvoir de Mauricio Macri, après des années de lutte et des procès contre les tortionnaires, uniques au monde ».

Le 27 décembre 2017, un tribunal fédéral a autorisé Etchecolatz à rentrer chez lui, invoquant son âge et « sa santé fragile ». En Argentine, les prisonniers de plus de 70 ans peuvent prétendre à l’assignation à résidence au cas par cas, mais les organisations de défense des droits de l’homme se battent pour que les condamnés pour crimes contre l’humanité restent en prison. Alliée du président Macri, la gouverneure de la province de Buenos Aires, María Eugenia Vidal, a reconnu qu’il s’agissait d’« une décision difficile à accepter pour les familles des victimes », ajoutant toutefois qu’« il faut respecter la justice ».

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