
Elle s’appelle Pauline Bayle, elle a 31 ans, et Iliade/Odyssée, le diptyque qu’elle présente au Théâtre de la Bastille à Paris – avec une mention spéciale pour l’Odyssée – est un bon exemple de la façon dont, aujourd’hui, émergent des artistes, en naviguant entre les petites salles, les subventions et les levées d’argent par les réseaux sociaux.
Après le bac, Pauline Bayle a intégré Sciences Po. Pendant son année de césure, passée à New York, elle n’a fait que du théâtre, sa passion depuis l’enfance. Puis elle est entrée au Conservatoire, à Paris, et s’est lancée comme comédienne, mais aussi auteure et metteuse en scène. Iliade, son troisième spectacle, a été créé en novembre 2015 au Théâtre de Belleville – 96 places, dans l’est parisien –, qui, depuis quelques années, fait la part belle aux jeunes compagnies.
Pour Iliade, cette salle a obtenu 4 000 euros du Syndicat national du théâtre privé, auquel elle est affiliée. En lançant un appel sur le site de financement participatif KissKissBankBank, Pauline Bayle a récolté la même somme, 4 000 euros, grâce au soutien de ceux qui avaient vu ses deux premières pièces, A tire-d’aile, créée en 2013 au Ciné XIII – une autre vaillante petite scène parisienne, dirigée par Salomé Lelouch – et A l’ouest desterres sauvages, lauréate en 2013 du prix des Jeunes metteurs en scène organisé par le Théâtre 13, subventionné par la Ville de Paris. Comme Pauline Bayle et ses amis comédiens sortaient du Conservatoire, ils ont pu également recevoir de l’argent du Jeune théâtre national, financé par l’Etat, ce qui a permis de payer une partie des salaires (faibles, on s’en doute).
Franche et rusée simplicitéL’Iliade a été jouée soixante fois au Théâtre de Belleville, ce qui est beaucoup, puis reprise au Théâtre national de La Colline, dans le cadre du festival Impatience, un des moteurs de l’émergence. Les programmateurs sont venus, le spectacle a...