
Dans un entretien au Journal du dimanche (JDD) daté du 7 janvier, le chef du gouvernement Edouard Philippe revient sur les différents dossiers de ce début d’année, qui ont été examinés lors d’un séminaire gouvernemental mercredi.
- Une décision « difficile et critiquée » sur le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes
M. Philippe, qui est engagé dans une ultime phase de négociations avec les élus locaux sur ce dossier, se dit conscient que la décision à venir sera « difficile et critiquée ». Il précise que ces échanges sur ce projet très controversé, entamés vendredi, « sont riches » et « très utiles dans la prise de décision ».
« Parce que ce dossier a traîné, qu’il s’est enkysté et que certains de nos prédécesseurs ont tergiversé ou préféré attendre que d’autres décident. Je ne sais même pas si j’étais né quand on a commencé à parler de Notre-Dame-des-Landes. »
La décision, qui « mûrit » et qui est attendue entre le 15 et le 30 janvier, « sera prise en plein accord avec le président de la République, qui regarde ce sujet avec attention », souligne le locataire de Matignon.
Comme on lui fait valoir que l’Elysée dit qu’il est en première ligne sur ce dossier épineux, il répond que « ça fait partie de [sa] fonction » et récuse l’idée que les coups à prendre lui soient réservés.
« Un premier ministre sait à quoi il s’expose quand il accepte la mission que lui propose le président de la République. Que dirait-on si je ne faisais que des choses faciles ? »
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- Avec la baisse des cotisations, le « pouvoir d’achat des actifs va augmenter »
Edouard Philippe assure que les baisses des cotisations décidées par le gouvernement vont permettre à de nombreux Français d’avoir davantage de pouvoir d’achat à la fin du mois de janvier.
« Plus de 20 millions de salariés et d’indépendants vont constater dès la fin de ce mois qu’avec notre politique, le travail paie. Pour un salaire de 1 500 euros par mois, cela représentera un gain de 260 euros par an. »
Le premier ministre confirme également le projet de suppression de la taxe d’habitation pour 80 % des Français cette année, ainsi que l’intention du gouvernement de diminuer les impôts durant le quinquennat d’Emmanuel Macron.
« Nous avons commencé à baisser le taux de prélèvements obligatoires : nous allons continuer, parce que c’est nécessaire. »
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Si les recettes fiscales augmentent, « ce sera un moyen d’accélérer notre désendettement », ajoute le locataire de Matignon, qui maintient la prévision de croissance de 1,7 % pour 2018. Un plan de lutte contre la pauvreté sera par ailleurs « rendu public d’ici au mois de mars », précise-t-il.
- M. Philippe favorable à la publication « accompagnée » des pamphlets de Céline
Le premier ministre s’est prononcé en faveur de la publication des pamphlets antisémites de Louis-Ferdinand Céline, qui fait débat en France, mais à condition qu’elle soit soigneusement « accompagnée ».
« Il y a d’excellentes raisons de détester l’homme, mais vous ne pouvez pas ignorer l’écrivain ni sa place centrale dans la littérature française. »
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Le préfet Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, avait mis en garde en décembre les éditions Gallimard sur les risques d’une réédition de ces textes, réclamant des « garanties » en matière d’accompagnement critique de l’ouvrage. Serge Klarsfeld, défenseur de la cause des déportés juifs de France, demande pour sa part que cette réédition soit interdite.
- Les routes secondaires limitées à 80 km/h, M. Philippe prêt à être « impopulaire »
Pour tenter d’enrayer la hausse persistante du nombre de morts sur les routes, le gouvernement va annoncer mardi l’abaissement à 80 km/h de la vitesse maximale sur 400 000 km de routes secondaires.
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« Je sais que, si nous annonçons cette mesure, je serai critiqué. Mais je sais qu’elle va sauver des vies, et je veux sauver des vies. Je comprends les arguments, et même la mauvaise humeur, mais je ne le fais pas pour augmenter les recettes de l’Etat – d’ailleurs, nous annoncerons des choses à ce sujet. Et si pour sauver des vies, il faut être impopulaire, j’accepte de l’être. »