
Tribune. La rencontre entre Emmanuel Macron et Xi Jinping du 8 au 10 janvier 2018 promet d’être historique. Porteurs de projets à vocation universelle, le président français incarne les espoirs d’une refondation de l’Union européenne (UE) tandis que le président chinois élabore une pax sinica des « nouvelles routes de la soie » à travers le libre-échange. Mais l’événement suscite autant d’attentes que d’interrogations.
Premier partenaire commercial de la Chine, avec un volume des échanges dépassant 1,4 milliard d’euros par jour, la diplomatie chinoise fait de l’Union européenne le principal axe de son initiative « Une ceinture, une route » et considère la France comme son partenaire stratégique privilégié. Mais le marché ne prime pas sur tout et les motifs de frictions politiques sont vifs. Lors du 12e sommet d’affaire UE-Chine en juin 2017, le président Juncker a souhaité que la Chine accélère ses réformes pour être en adéquation avec la vision du monde qu’elle propose.
Cependant, l’Occident est, lui aussi, encore loin d’avoir tiré toutes les leçons de la chute de l’Union soviétique et de ses répercussions en Chine. Le chaos général de la Russie des années 1990 a renforcé la conviction du Parti communiste chinois (PCC), acquise depuis 1978, que le système collectiviste ne pouvait se réformer que sur plusieurs générations.
« Rêve chinois » et « belle Chine »Si « réforme » et « ouverture » coexistent dans le même espace, elles obéissent à des temporalités et des logiques distinctes et fixent le changement à travers le rôle international du « rêve chinois », la civilisation écologique de la « belle Chine » et l’économie domestique d’une « société de moyenne aisance », comme un point d’horizon qui sera long et difficile à atteindre, confirmé par Xi Jinping au XIXe Congrès du PCC.
D’ici là, la transition prend la forme, sur le plan intérieur, d’un consensus social contrôlé en permanence où la stabilité...