Lumière fatale pour le conseiller de l’ombre Stephen Bannon
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Lumière fatale pour le conseiller de l’ombre Stephen Bannon

Le patron de « Breitbart News », resté discret pendant la campagne, est apparu après l’élection comme un « grand manipulateur ».

Le Monde | | Par

Stephen Bannon, en février 2017 à la Maison Blanche.

Le 5 décembre 2017, Stephen Bannon était en pleine lumière, dans une grange de l’Alabama. Il était venu y soutenir un candidat controversé à une élection sénatoriale partielle. Sa harangue et la présence de deux gardes du corps positionnés de part et d’autre de l’estrade en disaient long sur les ambitions toutes neuves de l’ancien conseiller de l’ombre, passé brièvement par la Maison Blanche. Bannon avait déjà pris l’avantage sur le président, trois mois plus tôt, lorsque son candidat l’avait emporté lors de la primaire républicaine pour cette sénatoriale sur celui défendu par la Maison Blanche. Succès de courte durée.

La victoire attendue dans ce bastion conservateur, il en était convaincu, devait constituer la première étape de son projet de constituer un courant à l’intérieur du Parti républicain. Le patron du site Breitbart News multipliait alors les recrues pour les primaires républicaines à venir, dans l’Arizona, le Tennessee et le Nevada, sur le modèle de l’insurrection du Tea Party, sept ans plus tôt. Il n’était question que d’aider le président, même si le bannonisme pointait déjà sous la défense du trumpisme.

Un mois a passé et l’édifice, déjà, menace ruine. Le candidat de Stephen Bannon a perdu de justesse une élection jugée imperdable, embarrassant Donald Trump. Ce dernier, manifestement convaincu par son ancien conseiller, s’était décidé à soutenir franchement un ancien juge accusé de harcèlement sexuel. Surtout, le président a été de plus en plus exaspéré par la mue en cours.

Un portrait de Vanity Fair, en décembre 2017, avait déjà sonné l’alarme. Il faisait état de propos rapportés de Stephen Bannon dans lesquels ce dernier comparait le président à « un enfant de 11 ans ». L’ancien conseiller s’en prenait également au couple composé de la fille du président, Ivanka, et de son mari, Jared Kushner, rebaptisés « Javanka ». La récidive dans le livre de Michael Wolff Fire and Fury (« le feu...