
Il fut un temps où la traversée du désert pour un homme politique ne relevait pas du pari mais de la contrainte. Celle dictée par ses pairs, par les électeurs ou bien encore par un scandale divers, qui le poussait à se mettre en retrait de la vie politique, pour une durée indéfinie – rien n’est moins prévisible que l’avenir, paraît-il. François Mitterrand avait mis de la distance avec la chose publique à cause du faux attentat de l’Observatoire, en 1959. Déprimé, Jacques Chirac avait lui été lâché par une partie du RPR après sa deuxième défaite à l’élection présidentielle, en 1988. Quant à Alain Juppé, il s’était exilé au Canada pour panser les plaies d’une condamnation, en 2004, dans l’affaire des emplois fictifs de la Mairie de Paris.
Les trois hommes ont tous occupé ensuite les plus hautes fonctions, quand d’autres ont dû se résigner, en pareille situation, à une retraite définitive. Un risque que n’hésitent pas à courir aujourd’hui nombre d’ambitieux, appuyant sur le bouton « pause » pour rompre avec les codes d’un univers politique décrié. Marion Maréchal-Le Pen, Xavier Bertrand, Najat Vallaud-Belkacem… Tous guettent, avec des stratégies diverses, la recomposition d’un paysage politique bouleversé par la victoire d’Emmanuel Macron à l’élection présidentielle de 2017.
« Exprimer autrement » son engagementL’ancienne ministre de l’éducation nationale de François Hollande a été la dernière en date à rejoindre la cohorte. Les appels pressants de ses camarades n’y ont rien fait : Najat Vallaud-Belkacem a décidé de ne pas être candidate à la direction du Parti socialiste. En expliquant son choix dans une interview à L’Obs, jeudi 4 janvier, la tout juste quadragénaire a fait davantage que de renoncer à un poste qui lui tendait les bras. Elle a pris aussi ses distances avec l’« appareil socialiste » qui ne saurait, dit-elle, assurer à lui tout seul « l’avenir de la gauche ».
En prenant la direction d’une collection...