
Donald Trump a un sens très personnel de la gestion de crise. Il en a apporté une nouvelle fois la preuve depuis la publication des premiers extraits du livre à charge Fire and Fury (« le feu et la fureur », Henry Holt, non traduit) du journaliste Michael Wolff, paru vendredi 5 janvier.
En rompant spectaculairement avec son ancien conseiller Stephen Bannon sur la foi de propos désobligeants rapportés dans l’ouvrage, le président des Etats-Unis a tout d’abord crédibilisé les innombrables citations dévastatrices, généralement anonymes, qui en constituent la sève. Dans le même temps, sa porte-parole, Sarah Sanders, dénonçait pourtant un tissu de ragots tout juste bons pour une presse de caniveau. En menaçant ensuite de bloquer la parution du livre, Donald Trump a sans doute excité plus encore la curiosité des lecteurs.
Michael Wolff n’est pourtant pas réputé aux Etats-Unis pour sa rigueur. Si sa description d’un président dépassé par sa fonction et d’une Maison Blanche en proie à une véritable guerre civile semble sonner juste, c’est parce qu’elle fait écho au tumulte d’une première année éprouvante pour le camp conservateur. Donald Trump ne laisse à personne le soin d’alimenter les doutes sur ses capacités d’homme d’Etat. Ses diatribes publiées à flux tendu sur son compte Twitter se suffisent souvent à elles-mêmes.
Quant au climat médiocre qui règne au sein d’une équipe montée manifestement à la va-vite après une victoire imprévue, thèse que défend notamment le livre, le turnover sans précédent pour une première année de présidence en constitue la meilleure preuve. Un tiers des conseillers choisis par Donald Trump a déjà quitté le 1600 Pennsylvania Avenue, soit trois fois plus que dans l’administration précédente, celle de Barack Obama, selon la comptabilité de Kathryn Dunn Tenpas, de la Brookings Institution.
Position défensiveUn record d’autant plus saisissant que le magnat de l’immobilier avait mis en avant, pendant la...