« Le président Rohani n’a pas la main sur la politique régionale de son pays »
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« Le président Rohani n’a pas la main sur la politique régionale de son pays »

Pour le professeur Mohammad-Reza Djalili, ce sont les gardiens de la révolution qui conduisent la politique militaire et diplomatique de Téhéran au Proche-Orient, et pas le président Hassan Rohani.

Le Monde | | Par

Le secrétaire d’Etat des affaires étrangères du Royaume-Uni, Boris Johnson, et le président iranien, Hassan Rohani, àTéhéran, le 10 décembre 2017.

Tribune. En dépit de quelques succès, la politique régionale de Téhéran rencontre des limites importantes. La première limite est d’ordre géopolitique : Téhéran, contrairement à Riyad, n’a pas de véritables alliés étrangers qui puissent lui offrir aide et assistance. Il est indéniable que la République islamique s’est très fortement rapprochée de la Russie, surtout depuis 2015 sur le terrain syrien, mais il s’agit d’une alliance de circonstance, fragile, surtout du fait que précisément en Syrie, et plus généralement au Moyen-Orient, les objectifs des deux pays ne coïncident pas. Les Russes veulent garder de bonnes relations à la fois avec Israël et avec l’Arabie saoudite. Avec ce dernier pays, ils se rapprochent ces derniers temps sur le plan politique et pétrolier ; quant aux Israéliens, ils leur ont promis de ne pas permettre à l’Iran de menacer leurs positions à partir du territoire syrien. Cette politique ne peut pas être considérée par l’Iran comme un soutien absolu à ses ambitions régionales.

La deuxième limite est d’ordre économique. L’Iran ne dispose pas de moyens financiers comparables à ceux de l’Arabie saoudite ni même des Emirats arabes unis pour mener à bien ses interventions extérieures et pour financer les milices qui lui sont inféodées en Irak, en Syrie et au Liban. En fait, l’Iran se voit contraint de faire d’importants prélèvements sur les réserves de l’Etat, ce qui, par conséquent, crée de graves difficultés pour ses dépenses internes. A cela vient s’ajouter la corruption généralisée qui gangrène l’économie du pays. Par ailleurs, la dimension économique est en grande partie à l’origine de l’impopularité grandissante de la politique régionale du régime.

« Laisse tomber la Syrie, occupe-toi de nos problèmes »

En effet, durant les troubles récents comme d’ailleurs dans les mouvements de contestation populaire précédents, qui ont toujours été une occasion de dire ce qu’en temps normal on n’osait pas dire, des slogans...