Avec Jean Echenoz dans son labyrinthe
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Avec Jean Echenoz dans son labyrinthe

« Roman, rotor, stator », le Centre Pompidou consacre une riche exposition au Prix Goncourt 1999.

Le Monde | • Mis à jour le | Par

Jean Echenoz à Paris, en juillet 1992.

Jean Echenoz Imperator. C’est presque une impression de triomphe romain que le vi­siteur éprouve aux abords de l’exposition donnée à la Bibliothèque publique d’information (BPI), avec son mystérieux titre, « Roman, rotor, stator », et sa promotion à travers le Centre Pompidou, qui abrite la BPI. On ­retrouve le portrait, signé Roland Allard, affiche de la manifestation, placardé un peu partout à travers le Centre, ainsi qu’en fond d’écran des ordinateurs de la bibliothèque. En faisant le trajet jusqu’à l’exposition avec Jean Echenoz pour aller la visiter en sa compagnie, on voit celui-ci gagné par l’effarement, à mesure qu’il réalise sa propre omniprésence. « C’est si étrange, murmure-t-il, bizarrement narcissique. En principe, on fait ça avec les écrivains morts. »

Mais il se trouve que, en plus d’être, à 69 ans, un écrivain majeur, l’auteur de Cherokee (Minuit, comme tous ses livres, prix ­Femina 1983) et de Je m’en vais ­(Goncourt 1999), objet d’une quarantaine de thèses, Jean Echenoz est aussi le premier à avoir confié de son vivant ses archives à la ­Bibliothèque Jacques-Doucet, partenaire de l’exposition. Lui décrit ce legs comme une espèce d’opération logistique : « En 2011, je m’apprêtais à quitter un appartement comprenant une pièce dans laquelle je mettais tous les vieux papiers – manuscrits, documentation – que je n’arrivais pas à jeter… Je partais pour un endroit où il y aurait moins de place. C’est à ce moment-là que la bibliothèque ­Jacques-Doucet m’a proposé de prendre mes archives. En quelque sorte, ça tombait bien. » Les tapuscrits amendés, cahiers de notes, photos et autres éléments de documentation qui se trouvaient dans ces quarante cartons nourrissent cette exposition, mê­me si elle ne s’y cantonne pas – la richesse du matériau et des ­approches proposées rappelle qu’Emmanuèle Payen, l’une des commissaires (avec Isabelle Bastian-Dupleix, Gérard Berthomieu et Isabelle Diu), a codirigé...