Tesla est encore très loin du compte. Au quatrième trimestre, le constructeur américain de voitures électriques n’a fabriqué que 2.400 unités du Model 3, sa nouvelle berline d’entrée de gamme. Et il a de nouveau repoussé de trois mois son principal objectif de production, même s’il a fait état, mercredi 3 janvier, de « progrès significatifs ». Ce contretemps industriel alimente les doutes sur sa capacité à tenir ses ambitieuses promesses.
35.000 DOLLARS
Le Model 3, qui totalisait plus de 400.000 précommandes avant la livraison des premiers exemplaires fin juillet, est le premier véhicule grand public de Tesla. Il doit lui permettre de décupler ses ventes grâce à son prix de base de 35.000 dollars (29.000 euros), soit deux fois moins que le Model S et le Model X. Il a été placé au coeur de la stratégie du constructeur, qui avait promis en 2016 de produire 500.000 voitures en 2018, contre 101.000 l’an passé. Puis un million en 2020.
Initialement, Tesla espérait franchir le cap des 5.000 Model 3 assemblés par semaine avant la fin de l’année 2017. En novembre, la société avait repoussé cet objectif à la fin mars, après n’avoir produit que 260 unités au troisième trimestre au lieu des 1.500 attendues. Une échéance encore trop optimiste. Tesla assure avoir atteint un rythme de 1.000 voitures par semaine. Elle prévoit de le porter à 2.500 au premier trimestre et à 5.000 seulement en juin.
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PROBLÈME AVEC LES BATTERIES
« Nous continuons de privilégier la qualité et l’efficacité plutôt que de simplement produire le maximum de voitures possibles », indique le constructeur. « Le principal problème provient de l’assemblage des batteries », expliquait en novembre Elon Musk, son fondateur et patron. Il citait notamment un problème avec un sous-traitant. « C’est un changement relativement limité pour un projet qui court sur dix années », avait-il tenté de minimiser.
Pour accompagner ce lancement, Tesla a inauguré début 2017 sa “gigafactory” dans le Nevada. Cette usine géante, qui s’étalera à terme sur plus de 900.000 mètres carrés et emploiera environ 6.500 personnes, doit produire les cellules des batteries lithium-ion qui équipent ses voitures. Coût de l’investissement: au moins deux milliards de dollars. Un véritable pari financier pour une entreprise qui n’est toujours pas rentable et qui affiche une dette supérieure à 7 milliards de dollars.
« MARGE D’ERREUR TRÈS MINCE »
Au troisième trimestre, Tesla a accusé la plus importante perte trimestrielle de son histoire, avec un déficit de 619 millions de dollars pour un chiffre d’affaires de 3 milliards de dollars. Surtout, sa consommation de liquidités s’est accentuée. Sur la période, l’entreprise a affiché un flux de trésorerie négatif de 1,4 milliard de dollars, soit 200 millions de plus qu’au deuxième trimestre. Pour financer son développement rapide, elle doit ainsi toujours plus s’endetter.
En août, Tesla a procédé à une émission d’obligations d’un montant de 1,8 milliard de dollars, cinq mois à peine après avoir mené une augmentation de capital de 1,2 milliard. Et un nouvel apport d’argent frais sera nécessaire en 2018, a déjà expliqué M. Musk. « Compte tenu de la consommation actuelle de trésorerie et de potentiels nouveaux délais de production, la marge d’erreur est de nouveau très mince », estime Rod Lache de Deutsche Bank.
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Photo: Tesla