
La mégapole de Bombay, sur la côte ouest de l’Inde, a été déclarée « ville morte », mercredi 3 janvier. Sous la pression des dalits, anciennement appelés « intouchables », la communauté la plus basse dans le système des castes, tous les transports de la capitale financière du pays ont été paralysés. Trains, bus, taxis privés, mais aussi avions… ont été bloqués durant toute la journée par des milliers de manifestants qui avaient également réussi à imposer aux autorités la fermeture des écoles et des commerces.
Spectacle à peine croyable dans cette agglomération de 21 millions d’habitants habituellement grouillante de monde, les rues sont demeurées désertes et silencieuses, sauf à l’endroit des défilés, comme dans la plupart des autres villes du Maharashtra. Mercredi, mais également la veille, des autobus ont été endommagés et des rickshaws retournés sur la chaussée, tandis que des voies ferrées étaient prises d’assaut.
Jets de pierresLes dalits souhaitaient dénoncer les violences qui ont eu lieu lundi 1er janvier, alors qu’ils commémoraient le 200e anniversaire de la bataille de Bhima-Koregaon, un village proche de la cité industrielle de Pune. La Compagnie britannique des Indes orientales s’y est imposée militairement en 1818, ouvrant la voie à sa domination dans toute la partie occidentale du sous-continent pour près de cent trente ans.
A l’époque la principale ethnie locale relevant du groupe des dalits, les Mahars, avait rallié les Anglais. Elle s’estimait maltraitée par des gouvernants hindous pour la quasi-totalité membres de la communauté des Marathes, dont les leadeurs étaient brahmanes, le sommet de la hiérarchie des castes. La légende veut que 28 000 soldats marathes échouèrent à battre les 500 Mahars venus défendre les Anglais.
Deux siècles plus tard, les Marathes ont encore en mémoire cette humiliation, et certains d’entre eux, versés dans le nationalisme hindou...