En dépit de la levée des sanctions, l’économie iranienne ne décolle pas
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En dépit de la levée des sanctions, l’économie iranienne ne décolle pas

La politique de rigueur menée par Hassan Rohani frappe les plus pauvres.

Le Monde | • Mis à jour le | Par

Devant le siège du gouvernorat de Doroud, dans l’ouest du pays, le 30 décembre 2017. Plusieurs personnes ont été tuées lors de l’affrontement.

Hassan Rohani est bien seul. Les dirigeants européens ont beau lui adresser des marques de confiance – ils voient dans ce président modéré le meilleur obstacle à la répression des manifestations entamées en Iran le 28 décembre –, Téhéran estime que c’est en partie à cause d’eux qu’il subit cette crise. L’Iran se désespère de longue date des difficultés qu’ont les Européens à rassurer leurs entreprises pour qu’elles reviennent en Iran, deux ans après la levée de sanctions qui a suivi l’accord international de 2015 sur son programme nucléaire. Un diplomate iranien explique que ses collègues en poste à Londres font encore la navette depuis Téhéran avec du cash dans leurs valises, qu’ils stockent dans les sous-sols de l’ambassade, faute de pouvoir ouvrir un compte dans une banque britannique. Un signe de l’isolement prolongé du pays.

Les Européens cherchent pourtant à éviter le pire à M. Rohani. Ils pressent le président Donald Trump de confirmer la levée de sanctions américaines contre l’Iran, comme il en a l’occasion à partir du 12 janvier. Ils savent qu’un refus de M. Trump compromettrait l’accord nucléaire, achèverait de décourager nombre d’investisseurs étrangers, et risquerait d’enflammer la contestation dans les rues iraniennes. Mais depuis plus d’un an que M. Trump menace de rompre l’accord, M. Rohani est bien forcé de chercher d’autres leviers de croissance. « Le gouvernement a soulevé trop d’attentes, avec l’accord nucléaire, résume l’analyste conservateur Amir Mohebbian, à Téhéran. Aujourd’hui, le peuple perd espoir dans l’avenir. »

Or, M. Rohani a bien peu à offrir aux plus pauvres : il poursuit contre vents et marées une politique de rigueur qui pèse sur eux. Le président estime n’avoir pas d’autre choix que de limiter l’investissement public, massif en Iran, qui vide ses caisses. Il fait le pari que le secteur privé, laissé un peu plus libre, pourra employer le million de jeunes Iraniens qui affluent chaque...