La rentrée littéraire d’hiver en bref
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La rentrée littéraire d’hiver en bref

Romans, nouvelles… Les brèves critiques du « Monde des livres » du 5 janvier 2018.

Le Monde | | Par

Roman. D’où tu viens, mon fils

Traité de savoir-vivre à l’usage des embryons, d’Anne Akrich, Julliard, 234 p., 18 €.

Anne Akrich se méfie de la psychanalyse mais ne doute guère que son futur fils finira sur un divan. Alors autant faire gagner du temps à tout le monde « en prémâchant le travail colossal qu’aura ton analyste », explique-t-elle à l’enfant en gestation : « Tu pourras aller le voir avec ce livre et lui dire “Voilà d’où je viens, voilà quel est mon héritage psychiatrique.” » Plus qu’un « Traité de savoir-vivre à l’usage des embryons », le troisième texte, très drôle, d’Anne Akrich, 31 ans, est donc un « petit manuel des névroses à venir », dans lequel elle s’adresse au garçon qui grandit en elle pour lui raconter les prémices de sa naissance. La rencontre entre son père, éditeur au mitan de la cinquantaine, et sa mère, auteure pas encore trentenaire, les tentatives de rebuffade du premier et la manière dont la seconde s’est « incrustée », la crainte du ridicule de l’un et le goût pour le « saugrenu » de l’autre, leur différence d’âge, de milieu… Très remarquée avec Il faut se méfier des hommes nus (Julliard, 2017), Anne Akrich déploie un talent d’observation et un sens de la dérision qui font la séduction de ce portrait de couple. Son humour pétri de tendresse autant que de lucidité le tient à distance de l’impudeur. R. L.

Roman. Un héros pathétique

La Guitare bleue (The Blue Guitar), de John Banville, traduit de l’anglais (Irlande) par Michèle Albaret-Maatsch, Robert Laffont, « Pavillons », 324 p., 21 €.

Oliver Orme, le narrateur de La ­Guitare bleue, n’a rien pour plaire. La cinquantaine égocentrique et disgracieuse, ce peintre a trompé sa femme avec celle d’un ami avant de s’en lasser. Puis est revenu dans sa maison natale trouver l’inspiration, en vain. C’est un loseur mais pas de la catégorie des cyniques...