
Le retour sur les routes de l’exil ou la prison. Pour les dizaines de milliers de migrants africains en situation irrégulière en Israël, le mot d’ordre est clair. Le programme lancé par le gouvernement israélien, mercredi 3 janvier, leur donne jusqu’à fin mars pour quitter Israël. S’ils refusent, ils seront incarcérés pour une durée indéterminée.
Le programme est orchestré par l’Autorité israélienne de la population et de l’immigration, rattachée au ministère de l’intérieur. Le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, s’est félicité mercredi de sa mise en œuvre, destinée à « faire partir les migrants entrés illégalement » et qu’il appelle aussi les « infiltrés ». Le terme désignait dans les années 1950 les Palestiniens qui entraient en Israël pour commettre des attentats.
Les 38 000 migrants concernés, principalement soudanais ou érythréens, sont entrés en Israël via le Sinaï égyptien, entre 2007 et 2012. Vivant majoritairement dans le sud de Tel-Aviv, ils sont tenus responsables par les résidents de la hausse de la délinquance. A ceux-là qui exigent du gouvernement leur expulsion, M. Nétanyahou avait promis, en août 2017, de « [rendre] le sud de Tel-Aviv aux citoyens d’Israël ».
AmbiguïtéLe compte à rebours est désormais lancé. Les premiers individus visés sont ceux qui n’ont pas déposé de demande d’asile ou dont la demande a été rejetée. Soit plusieurs milliers. En renouvelant leur permis de résidence (d’une durée de trois mois), ils seront informés qu’ils doivent quitter Israël dans les trois mois. S’ils s’exécutent, ils se verront offrir par Israël un aller simple et l’équivalent de 2 900 euros.
En matière de politique migratoire, Israël entretient l’ambiguïté. « Le gouvernement laisse croire qu’il s’agit de migrants économiques, que leur demande d’asile n’a donc aucune légitimité et qu’ils doivent partir », explique Jean-Marc Liling, un avocat très investi auprès des migrants...