
Un tournant politique majeur est en train de s’opérer en Corse. Comme l’a dit l’autonomiste Gilles Simeoni, mardi 2 janvier à Ajaccio, lors de son discours d’investiture à la présidence du conseil exécutif de la nouvelle collectivité unique, « notre victoire ne saurait se résumer à une conjugaison insulaire du dégagisme ». Ce faisant, il s’est livré à un exercice inédit, en s’attachant à analyser les raisons de ce vote qui, à plus de 56 %, a porté les nationalistes au pouvoir en leur conférant une majorité absolue à l’Assemblée de Corse.
Certes, il inscrit cette victoire légitimée par le suffrage universel dans un combat « qui vient de loin » et revendique « le fil historique de cinquante années de luttes du peuple corse pour la reconnaissance de ses droits ». Mais le discours de M. Simeoni, empreint d’une exceptionnelle gravité, loin de l’euphorie qui avait accompagné l’accession surprise, en 2015, de l’alliance nationaliste à la tête de la collectivité territoriale, avait une autre portée. « La lucidité politique et l’honnêteté intellectuelle commandent de dire clairement que tous les électeurs qui nous ont apporté leurs suffrages ne partagent pas nos convictions, ajoute-t-il dans la foulée. Ce résultat nous honore. Nous en sommes fiers, évidemment, mais nous le recevons également avec humilité car nous savons que le plus difficile reste à faire. Le score historique que nous venons de réaliser nous donne beaucoup plus de devoirs que de droits. »
Exercice d’introspectionAu-delà des références historiques traditionnelles, c’est bien cette partie-là du discours de M. Simeoni qu’il fallait entendre et décrypter. « Je me suis beaucoup interrogé sur ce résultat, reconnaît en aparté le chef de l’exécutif corse. Il nous donne des responsabilités énormes. Il ne faut pas se tromper sur le message. Il nous impose de faire très vite un véritable travail sur nous-mêmes. » Et...