Succès judiciaire important pour Airbnb. Mardi 2 janvier, un tribunal de Los Angeles a classé sans suite une plainte déposée par Aimco, l’un des plus importants propriétaires fonciers aux États-Unis avec près de 50.000 logements. Celui-ci reprochait à la plate-forme de location de courte durée d’encourager des sous-locations interdites. Mais la juge en charge du dossier a estimé que la société californienne ne pouvait pas être poursuivie pour les actions de ses utilisateurs.
NUISANCES
« Airbnb promeut et profite de violations délibérées de nos contrats de location avec une indifférence totale pour nos résidents permanents », expliquait l’an passé, Terry Considine, le patron d’Aimco. Le bailleur assure que plusieurs milliers de ses appartements sont proposés sur le site. Il se plaint de touristes perdus frappant à la mauvaise porte, de nuisances sonores, de fêtes nocturnes et de personnes alcoolisées dans les parties communes. Il assure que des locataires à l’année ont décidé de quitter leur logement dans ses complexes haut de gamme.
Airbnb s’estimait protégée par la législation américaine, qui prévoit que les plates-formes Internet ne sont pas responsables des contenus publiés par leurs utilisateurs. Aimco cherchait au contraire à prouver que l’entreprise n’était pas qu’un simple intermédiaire entre les hôtes et les voyageurs. Et donc que sa responsabilité était bien engagée. Mais son argumentaire n’a pas convaincu la juge. Dès lors, indique-t-elle, Airbnb ne peut pas être inquiétée si une partie de ses utilisateurs ne respectent pas les conditions de leur bail.
DEUXIÈME PLAINTE
En obtenant gain de cause, la société lève un obstacle supplémentaire dans l’optique d’une prochaine introduction en Bourse, attendue en 2018. Aimco ne réclamait en effet pas seulement des réparations financières: elle souhaitait empêcher Airbnb de louer des appartements sans avoir obtenu l’accord des propriétaires. De quoi fortement amputer son offre de logements disponibles aux Etats-Unis. L’affaire n’est cependant pas entière close car une deuxième procédure reste ouverte en Floride.
La plainte d’Aimco illustre les relations parfois tendues entre Airbnb et les propriétaires immobiliers. Pour les séduire, la société a lancé, en 2016, une initiative promettant plus de transparence, une assurance et un partage des revenus. Sans grand succès: à peine quelques dizaines d’immeubles et complexes font partie de ce programme aux États-Unis et au Canada. Fin 2017, Airbnb a cependant convaincu le principal propriétaire immobilier de San Francisco de lancer une phase d’expérimentation.
UN IMMEUBLE AIRBNB
« Ces partenariats peuvent faire sens pour certains immeubles », reconnaît Charley Gross, responsable de la San Francisco Apartment Association, souvent critique vis-à-vis d’Airbnb. Le programme permet définir des règles précises, comme des périodes d’interdiction ou l’accueil d’animaux domestiques. Les bailleurs peuvent décider de la répartition des recettes – le plus souvent, ils conservent 10%. Ils bénéficient par ailleurs d’une assurance couvrant jusqu’à un million de dollars de dommages, aussi bien dans les appartements que les parties communes.
L’enjeu est important pour Airbnb, qui espère augmenter le nombre de logements proposés sur sa plate-forme. Son potentiel est en effet limité par les restrictions imposées par certains contrats de location. A San Francisco, des locataires expliquent ainsi avoir été expulsés de leur appartement pour l’avoir mis en location sur la plate-forme. En Floride, la société va pousser sa logique encore plus loin. Elle s’est associée avec un promoteur pour bâtir un immeuble portant sa marque et entièrement pensé pour la sous-location.
Photo: Airbnb