Le procureur Nisman a bien été assassiné, selon la justice argentine
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Le procureur Nisman a bien été assassiné, selon la justice argentine

L’enquête sur la mort du magistrat chargé d’un dossier sensible secoue Buenos Aires.

Le Monde | | Par

Manifestation après la mort du procureur Alberto Nisman, à Buenos Aires, en janvier 2015.

Coup de théâtre judiciaire à Buenos Aires, où, près de trois ans après la mort suspecte du procureur Alberto Nisman, un magistrat argentin a conclu à un assassinat. « La mort de Nisman n’a pas pu être un suicide », a affirmé le juge Julian Ercolini, le 27 décembre, rejetant ainsi la version officielle qui, à l’époque du drame, avait conclu à un suicide. Le juge a précisé avoir recueilli suffisamment de preuves pour affirmer qu’on avait tiré une balle dans la tête du procureur. La gendarmerie avait également soutenu, en septembre 2017, la thèse du crime, en se fondant sur un rapport d’experts établissant qu’au moins deux personnes avaient frappé puis drogué M. Nisman, l’obligeant à s’agenouiller avant de le tuer.

Un ancien collaborateur du procureur, un informaticien de 35 ans, Diego Lagomarsino, a été mis en examen le 26 décembre pour complicité d’assassinat. Cet expert en communication maintient toujours que M. Nisman s’est suicidé avec un revolver de calibre 22. Selon sa version, le procureur lui avait demandé de lui prêter l’arme, retrouvée au côté du cadavre. M. Lagomarsino serait le dernier à avoir vu M. Nisman en vie. Le juge Ercolini a également inculpé les quatre gardes du corps du procureur qu’il accuse d’avoir facilité la tâche des tueurs.

Alberto Nisman, alors âgé de 51 ans, avait été retrouvé mort dans sa salle de bains, le 18 janvier 2015, quatre jours après avoir accusé la présidente Cristina Kirchner (2007-2015) d’avoir étouffé la possible implication de l’Iran dans l’attentat antisémite contre la mutuelle juive AMIA (Asociacion mutual israelita argentina). Le 18 juillet 1994, cet attentat, le plus grave qu’ait connu le pays, avait fait 85 morts et 300 blessés, au cœur de Buenos Aires. Il n’a jamais été revendiqué, encore moins élucidé.

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