Les projets fous de connecter les cerveaux à des machines
Partager
Tweeter
Sciences
édition abonné

Les projets fous de connecter les cerveaux à des machines

Si les promesses des neurotechnologies en matière médicale sont bien réelles, certains projets délirants nés dans la Silicone Valley relèvent davantage de la fiction que de la science.

Le Monde | | Par

Lire et écrire dans le cerveau. Telle est, en résumé, l’ambition que ne cesse de rappeler Bryan Johnson à longueur d’exposés, un brin provocateurs, dans ses conférences liées aux nouvelles technologies. En 2016, cet entrepreneur américain a créé l’entreprise Kernel dans le but de décoder le cerveau, soit pour le réparer, soit pour en augmenter les capacités (mémoire, intelligence…).

Des électrodes dans le cerveau des soldats

Il n’est pas le seul à rêver de communiquer par la pensée ou encore de télécharger des idées sur une machine ou vice versa. Elon Musk, fondateur de Tesla (voitures électriques) ou de SpaceX (lanceurs spatiaux), a créé Neuralink pour connecter les cerveaux aux ordinateurs. Laconique, la page Web de cette autre société américaine annonce que pour être embauché, « nulle connaissance en neurosciences n’est requise ». De son côté, Facebook voudrait que ses utilisateurs puissent transmettre à leurs « amis » leurs pensées plus vite qu’en pianotant sur un écran de téléphone sans recourir à des implants cérébraux.

Des projets de recherche financés par l’agence de la défense américaine (Darpa) sont déjà plus avancés. Deux d’entre eux visent ainsi à implanter des électrodes dans le cerveau des soldats pour réduire leur stress ou leur dépression quand des algorithmes auront ­ « détecté un problème ».

« Il y a plus de fiction que de science dans les prétentions de Neuralink », a résumé Jean-Gabriel Ganascia, informaticien au laboratoire d’informatique de l’université Paris-VI et président du comité d’éthique du CNRS, lors d’une conférence organisée le 23 novembre 2017 à l’Observatoire B2V des mémoires, à Paris. « C’est de l’idéologie, pas de la science », complète Pierre Pollak, neurologue à la retraite, pionnier de thérapies par implants cérébraux contre la maladie de Parkinson. « C’est une nouvelle forme d’économie, basée uniquement sur des promesses, note Yves Frégnac, directeur de recherche...