Après le « califat » de l’EI en Irak et en Syrie, l’Iran, maître du jeu régional
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La Matinale du 27/12/2017
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Après le « califat » de l’EI en Irak et en Syrie, l’Iran, maître du jeu régional

« Après le califat » (3|5). La guerre engagée depuis juin 2014 contre l’organisation Etat islamique a permis à Téhéran d’étendre fortement leur influence en Syrie et en Irak.

Le Monde | • Mis à jour le | Par

Le commandant  Ghassem Soleimani lors de l’offensive contre les troupes de l’Etat islamique à Tal Ksaiba (Irak), le 8 mars 2015.

« Le roi Soleiman ». En ce 21 novembre, le quotidien iranien Afkar tressait une couronne au général Ghassem Soleimani à sa « une ». Cet officier iranien, figure éminente des gardiens de la révolution et patron de la force Al-Qods, un contingent d’élite voué aux opérations extérieures, venait de se rendre maître d’Al-Boukamal, une bourgade syrienne située aux confins de la vallée de l’Euphrate. A la tête d’une troupe expéditionnaire, il avait chassé l’organisation Etat islamique (EI) de la dernière ville de Syrie : ses hommes pouvaient multiplier les selfies en faisant jonction avec des forces irakiennes alliées, sur la frontière.

Ce « corridor terrestre » relie trois capitales arabes sous emprise iranienne – Bagdad, Damas, Beyrouth –, selon un axe orienté vers la Méditerranée

Après trois ans de combats contre l’EI dans ces deux pays, Soleimani avait l’honneur de proclamer la « victoire » finale contre les djihadistes, dans une lettre ouverte adressée au Guide suprême iranien, Ali Khamenei.

Quelques jours plus tôt, Javan, le quotidien des gardiens, avait publié une tribune résumant l’enjeu de cette bataille : « La libération d’Al-Boukamal signifie l’achèvement du corridor terrestre de la résistance, qui ouvrirait à Téhéran un accès terrestre à la mer Méditerranée et à Beyrouth : un fait notable dans l’histoire millénaire de l’Iran. » Entre les lignes du texte triomphal, pointait comme une nostalgie impériale…

Ce « corridor terrestre » relie trois capitales arabes sous emprise iranienne – Bagdad, Damas, Beyrouth –, selon un axe orienté vers la Méditerranée. C’est une zone d’influence plutôt qu’une véritable autoroute, comme certains critiques de Téhéran aiment pourtant le laisser croire. Il est d’ailleurs étonnant de lire ce terme aux accents coloniaux dans un journal iranien.

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