
Il n’est pas superstitieux. Dès son arrivée à l’Elysée, Emmanuel Macron a pris le contre-pied de François Hollande : il s’est installé pour travailler au premier étage de l’aile est dans le salon d’angle, l’un des plus beaux bureaux du palais. Il délaisse ainsi le salon doré, occupé par son prédécesseur et tous les présidents de la Ve République, à l’exception de Valéry Giscard d’Estaing, qui avait fait le même choix, en réaction à de Gaulle.
Une pièce à l’histoire chargée, ancienne chambre à coucher de l’épouse de Napoléon III, l’impératrice Eugénie, devenue « maudite » depuis le départ, en 2014, de son dernier occupant, Aquilino Morelle, qui s’était vu reprocher des goûts supposés princiers – il avait fait cirer ses chaussures dans une dépendance de l’Elysée – et une possible prise illégale d’intérêt – soupçon qui s’est soldé par un non-lieu.
La personnalité flamboyante de l’ancien conseiller politique de François Hollande, ainsi que celle – non moindre – de son prédécesseur, Henri Guaino, ex-« conseiller spécial » de Nicolas Sarkozy, ont ajouté à la légende de cette pièce, la plus discrète et reculée du palais. « C’est le bureau qui rend fou », avait confié un ex-conseiller élyséen, Vincent Feltesse, lors du précédent quinquennat, évoquant les « ego » démesurés de Guaino et de Morelle, qui n’avaient « plus prise avec la réalité ». « C’est vrai, ce bureau rend fou », admet Emmanuelle Mignon, l’ancienne directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy, avant d’ajouter, dans un sourire : « L’Elysée, de manière générale, rend fou. Surtout les hommes… »
« Saint des saints »En arrivant dans l’ancien hôtel d’Evreux, en mai, Emmanuel Macron a volontairement entretenu le flou sur son choix. En réalité, il a jeté très tôt son dévolu sur la chambre d’Eugénie et fait du salon doré un bureau musée, protocolaire, où il vient signer les projets de loi devant les caméras et reçoit certains visiteurs....