
La période de calme précaire ouverte en Catalogne après la mise sous tutelle de la région par Madrid, le 27 octobre, est terminée. Le résultat des élections catalanes du 21 décembre, qui ont rétabli des rapports de force comparables à ceux du précédent Parlement régional, semble avoir ramené l’Espagne deux mois en arrière, avant la proclamation ubuesque de la « République catalane » et la mise en examen pour « rébellion, sédition et détournement de fonds publics » des dirigeants séparatistes.
De Bruxelles, Carles Puigdemont, le président destitué de la région, a repris son rôle de trublion. Sa liste est arrivée en deuxième position, avec 21,7 % des voix, mais il savoure la majorité absolue conservée par les partis indépendantistes, qui ont obtenu 70 des 135 députés régionaux (pour 47,5 % des voix).
Avec un ton provocateur et une assurance en rupture avec sa situation d’« exilé », il a ainsi demandé à Madrid, vendredi, de « restituer le gouvernement légitime » de la Catalogne, de « retirer la police » et a offert de « parler, sans conditions préalables ». Il a également demandé à être reçu par l’Union européenne. « Je ne lui demande pas de changer de point de vue, mais seulement d’écouter le peuple catalan et pas seulement l’Etat espagnol », a-t-il expliqué, tandis que la chancelière allemande, Angela Merkel appelait à « la désescalade » entre Madrid et Barcelone.
Surtout, M. Puigdemont a proposé au chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, de le rencontrer « à Bruxelles ou dans n’importe quel autre lieu de l’Union européenne », mais pas en Espagne, « pour des raisons évidentes », M. Puigdemont se trouvant sous le coup d’un mandat d’arrêt de la justice espagnole.
« Attendons de voir ce qui se passe »S’il n’est pas parvenu à briser l’élan des nationalistes, Mariano Rajoy a lui aussi repris son rôle, celui de dirigeant flegmatique et droit dans ses bottes...