
Analyse. Vues d’Europe de l’Ouest, la Hongrie et la Pologne filent le même mauvais coton. De fait, les deux pays d’Europe centrale remettent sérieusement en cause l’Etat de droit établi après 1989, s’attaquent aux contre-pouvoirs et aux corps intermédiaires et attisent les braises du nationalisme. Autant de caractéristiques communes inquiétantes qu’analyse le spécialiste Jacques Rupnik dans la revue Commentaire (hiver 2017-2018).
La question n’est malheureusement plus de savoir combien il faudra d’années à ces pays pour rejoindre la « vieille Europe » mais jusqu’où ils sont prêts à s’éloigner des valeurs libérales que celle-ci incarne. A Varsovie, Jaroslaw Kurski, rédacteur en chef de Gazeta Wyborcza, le quotidien créé par Solidarnosc en 1989 résume la situation d’une formule lapidaire : « Le scénario qui se déroule actuellement sur les bords de la Vistule a été écrit sur les bords du Danube. »
Pourtant, comme le sous-entend M. Kurski, les deux pays n’en sont pas au même niveau. Plus que le Polonais Jaroslaw Kaczynski, président du PiS (Droit et justice), le parti au pouvoir, c’est le premier ministre hongrois, Viktor Orban, qui joue les premiers de cordée. Le père de la « démocratie illibérale », c’est lui. Parce qu’il est au pouvoir depuis 2010, alors que le PiS n’y est que depuis deux ans. Parce qu’il est tout-puissant premier ministre alors que M. Kaczynski a beau tirer les ficelles à Varsovie, il n’est ni président ni premier ministre.
Homme de l’ombreCet été, le président Andrzej Duda a d’ailleurs refusé d’approuver telle quelle la réforme de la justice. Mais les légères retouches de M. Duda n’ont pas empêché la Commission européenne de déclencher, mercredi 20 décembre, l’article 7 du traité pour « violation grave » à l’Etat de droit. Enfin, parce que Fidesz, le parti créé par M. Orban il y a presque trente ans, est toujours membre du Parti populaire européen...