
Vous retrouverez l’ensemble de ces récits dans un supplément spécial publié avec « Le Monde » daté 26 décembre.
Des prunes. De Brignoles, exactement. Quelques-unes roulent encore à côté du drageoir tombé sur le sol près de lui. Ce matin, il avait voulu en manger. Le conseil royal s’était réuni tôt au château de Blois, ce 23 décembre 1588, et il faisait très froid dans la pièce. On lui apporta ces fruits secs ; il demanda davantage de feu dans la cheminée. Peu après, on vint l’informer que le roi le demandait dans ses appartements. Prenant le drageoir, il quitta la pièce. « Adieu », lança-t-il. Il ne remarqua pas la pâleur du messager, car, craignant qu’il ne fasse tout rater, le roi lui avait demandé de se frotter les joues pour ne rien laisser soupçonner. Il a donc quitté le Conseil puis croisé quelques gentilshommes et des gardes. Il a ensuite levé le rideau pour entrer dans la chambre du roi. Il n’a pas vu Henri III. Il a seulement senti que, derrière lui, l’on se pressait et que, sur le seuil, d’autres personnes se tenaient cachées. On rapporte que, au Conseil, il s’était plaint du cœur et qu’il avait saigné du nez. On dit aussi qu’il lui avait été remis, la veille et ce matin encore, plusieurs billets pour le mettre en garde. « Il n’oserait pas », avait-il pensé. Quand le premier coup le blessa, il sut qu’il s’était trompé. Frappé de tous côtés, il arrive à faire quelques pas avant de s’écrouler. Le grand duc est tombé.
Le Balafré, fils de François de Guise, un autre « Balafré », vient d’être assassiné. Henri de Guise, le héros de la Sainte Union des catholiques, le chef de la Ligue, est mort : les Quarante-Cinq l’ont tué. La garde personnelle du roi s’est jetée sur lui et le coup de Majesté a été exécuté. Henri III a décidé de venger l’humiliation qu’il subit depuis le mois de mai. Les Parisiens avaient assailli ses gardes. Ils avaient dressé des barricades dans la ville et accueilli le duc de Guise quand le roi lui avait...