
La Soif (Torst), de Jo Nesbo, traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier, Gallimard, « Série noire », 624 p., 21 €.
L’écrivain Jo Nesbo fait partie de ces auteurs qui ne cessent de s’améliorer avec le temps. En témoigne l’ultime enquête de son inspecteur torturé et alcoolique, Harry Hole – interprété au cinéma par Michael Fassbender dans Le Bonhomme de neige, de Tomas Alfredson (en salle actuellement). Avec La Soif, le onzième titre de la série, qui sort trois ans après Police, on pouvait craindre que la lassitude ne rattrape le lecteur averti. Il n’en est rien.
Cette fois, Harry Hole pense pourtant en avoir fini avec le crime. Paisiblement installé avec sa femme Rakel et son fils adoptif OIeg, il coule des jours heureux en tant qu’instructeur à l’école de police. Las ! Ses anciens collègues l’appellent à la rescousse afin d’arrêter un tueur qui se prend pour un vampire et saigne ses victimes, ciblées sur des sites de rencontre.
Nesbo réussit encore à convaincreReprenant des ingrédients bien connus de ses lecteurs – un tueur psychopathe, des flics corrompus, un héros en souffrance, une société norvégienne en perte de repères –, Nesbo réussit encore à convaincre avec une intrigue à tiroirs, une écriture sèche, nerveuse, des rebondissements multiples et des personnages secondaires qui n’ont rien d’accessoire. Presque un exploit quand on voit comment son alter ego américain, Michael Connelly, et le protagoniste de celui-ci, Harry Bosch, se sont perdus dans des récits stéréotypés.
Dans La Soif, Jo Nesbo rend un discret hommage à plusieurs classiques de la littérature de genre, tels Dracula, de Bram Stoker (1897), ou Le Silence des agneaux, de Thomas Harris (Albin Michel, 1990). Le tueur imaginé par le Norvégien rappelle, en effet, le « Buffalo Bill » du roman de l’Américain. Nesbo s’inspire également d’une scène-clé de ce thriller,...