« M. Puigdemont doit cesser d’invoquer le franquisme »
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« M. Puigdemont doit cesser d’invoquer le franquisme »

Josep Borrell, ancien président du Parlement européen, et Antonio Estella, professeur de droit, s’élèvent dans une tribune au « Monde » contre les comparaisons faites par l’ex-président de la Catalogne.

Le Monde | • Mis à jour le | Par

TOPSHOT - Supporters listen to the speech of Catalonia's deposed regional president Carles Puigdemont during a pro-independence demonstration on December 7, 2017 in Brussels during a pro-independence demonstration on December 7, 2017 in Brussels. A sea of around 45,000 pro-Catalonia protesters demonstrated in Brussels on December 7 to show support for the region's deposed president and urge the EU to support its drive for independence from Spain. / AFP / Emmanuel DUNAND

Tribune. Depuis son refuge de Bruxelles, M. Puigdemont, ex-président de la Catalogne, se fait fort de critiquer les institutions européennes pour ne pas avoir reconnu sa déclaration d’indépendance et de discréditer le système politique et judiciaire de l’Espagne, pays où, à l’en croire, on bafoue systématiquement les droits de l’homme, où la justice n’est pas indépendante, où il y a des prisonniers politiques et où l’on n’accepte pas le droit à l’autodétermination des régions – droit reconnu, selon lui, dans le monde entier.

Il a donc dû fuir en Belgique pour échapper à un gouvernement qui le traite comme un vulgaire « trafiquant de drogue » (sic). Alors qu’en réalité, il n’a fait qu’enfreindre innocemment la Constitution, le statut d’autonomie de la Catalogne et toutes les règles de fonctionnement de son Parlement. Des questions sans importance, qui ne lui auraient valu aucune « poursuite judiciaire » dans aucun pays civilisé, selon ses dires.

Ainsi, donc, M. Puigdemont ne serait pas à la tête d’une rébellion pour l’indépendance, mais pour la démocratie et la liberté, dans une Espagne qui est restée ce qu’elle était sous le franquisme. C’est pour cela que la référence au franquisme est brandie avec une légèreté inquiétante par des médias et des responsables politiques dont on serait en droit d’attendre ­davantage d’informations et moins de démagogie sur les raisons pour lesquelles M. Puigdemont se trouve à Bruxelles.

Certains, dans la presse anglo-saxonne notamment, semblent se complaire dans un revival de la légende noire de l’Espagne de l’Inquisition. Et comme Philippe II remonte à un peu loin, les médias évoquent la dictature franquiste, comme si l’Espagne n’était pas parvenue à bâtir un système de libertés politiques et était comparable aux dérives totalitaires et illibérales de la Hongrie ou de la Turquie. C’est ainsi que la mise sous tutelle du gouvernement catalan, en application de l’article 155...