
Avec son visage lisse d’enfant sage et sa silhouette fine dans un costume sombre, Daniel Lozakovitch semble n’avoir pas pris le temps de grandir. Trop occupé à jouer du violon : le jeune prodige suédois, qui affiche 16 printemps (il est né le 1er avril 2001 à Stockholm), était en concert à Paris vendredi 8 décembre à l’Auditorium de Radio France, là même où il avait été invité lors des dernières Victoires de la musique classique. Le « nouveau Menuhin », ainsi qu’il a été surnommé, se produit en public depuis l’âge de 9 ans, après avoir été remarqué par le violoniste russe Vladimir Spivakov. Sa carrière en France a débuté en octobre 2015 avec l’Orchestre national de Lyon puis avec l’Orchestre du Capitole de Toulouse en janvier, avant l’Ile-de-France (au Festival d’Auvers-sur-Oise en juin).
Pour son premier vrai concert à Paris, le violoniste a choisi l’incontournable Concerto pour violon de Beethoven (Graal des violonistes), une musique qu’il connaît bien pour l’avoir interprétée notamment en tournée sous la baguette protectrice de Valery Gergiev, avec qui il vient de l’enregistrer chez Deutsche Grammophon. En 2016, la signature du jeune homme avec le prestigieux label au cartouche jaune a rejoint celle de ses prédécesseurs violonistes Anne-Sophie Mutter (premier disque à 15 ans) et David Garrett (à 13 ans seulement).
Phrasés galbésLe garçon possède une technique de folie, une intonation proche de la perfection, une grande sûreté d’archet qui lui vaut une sonorité sans scories, aérienne et lumineuse. Le Beethoven de Lozakovitch est d’une sensibilité délicate, des couleurs en demi-teintes, des phrasés merveilleusement galbés, tenus jusqu’au bout du souffle de la note, un refus de la moindre tentation d’esbroufe.
Mais ce jeu d’une extrême limpidité, concentré à l’extrême et presque trop maître de lui, semble manquer parfois d’emportement et de spontanéité, un peu comme si Lozakovitch marchait au bord d’une paroi rocheuse...