
« De quel progrès les lobbyistes patronaux sont-ils devenus les partisans ? », lance l’avocate Marie-Laure Dufresne-Castets dans son essai. Celle qui se revendique « au service des salariés » ne décolère pas contre la transformation du droit « en instrument de pouvoir… de la partie dominante ». A travers les conflits sociaux emblématiques qu’elle a vécus de l’intérieur – Moulinex, Continental, la grève générale de 2009 aux Antilles, Renault et l’affaire Saft –, Me Dufresne-Castets décrit « des mécanismes de domination à l’œuvre dans les rapports de travail ».
Son ouvrage est une invitation à la lutte, notamment à la grève, l’instrument le plus efficace connu à ce jour, dit-elle. Il permet, d’une part, des avancées sociales ; d’autre part, des prises de conscience, comme en 2009, lors de la grève générale aux Antilles. « La lutte des classes n’est pas une formule surannée », assure l’auteure. « Il pourrait arriver, si les conditions économiques continuent à se durcir, que resurgissent les réflexes de la lutte. » Elle souligne la nécessité de continuer à se battre en s’appuyant sur le droit et ses rituels, parce que « la symbolique permet d’inverser la violence ». La ritualisation permet en effet de mettre à nu la réalité de la violence au travail, d’établir le lien entre une histoire particulière et la confrontation de deux mondes antagonistes. Elle crée une caisse de résonance au sujet abordé.
« Entreprise de démolition sociale »Marie-Laure Dufresne-Castets critique l’évolution du droit au cours des dix dernières années, sur une tonalité militante assumée. « L’on assiste à une véritable entreprise de démolition sociale », affirme-t-elle. Et de dénoncer, dans les textes de la loi El Khomri et des ordonnances Macron, une philosophie qui « consiste à supprimer tout ce qui fait obstacle à la mainmise des actionnaires sur les entreprises » et...