En Finlande, scandale autour de fuites sur l’espionnage en Russie
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En Finlande, scandale autour de fuites sur l’espionnage en Russie

Après la publication d’un article sur les pratiques du renseignement militaire contre son voisin russe, plusieurs enquêtes ont été ouvertes et le domicile d’une des journalistes a fait l’objet d’une perquisition.

Le Monde | • Mis à jour le | Par

Le président finlandais, Sauli Niinistö, à Helsinki, le 30 novembre.

Habituellement, ce sont les tentatives d’espionnage menées par leur voisin russe à leur égard que les Finlandais ont coutume de découvrir dans leurs journaux. Mais samedi 16 décembre, surprise : le grand quotidien Helsingin Sanomat publie un article dans lequel il décrit comment le centre de recherche du renseignement des forces armées finlandaises, situé à Tikkakoski, dans le centre du pays, peu connu de ses habitants, surveille « étroitement les mouvements des forces armées russes » dans la région limitrophe de Saint-Pétersbourg.

Le scandale est immédiat, d’autant que les informations, précise le journal, sont tirées de documents classifiés. Ils sont certes vieux de dix ans, mais leur divulgation pourrait « entraîner de graves conséquences », s’insurge le président finlandais Sauli Niinistö. Au courant de la fuite depuis quelques jours, le ministre de la défense, Jussi Niinistö, annonce qu’une enquête a été lancée pour en identifier la source.

Furibond, le chef des renseignements des forces armées, Harri Ohra-aho, ose la comparaison avec Soldats inconnus, de l’écrivain Väinö Linna. Ce roman, qui raconte la vie de soldats pendant la seconde guerre mondiale, a fait l’objet d’une troisième adaptation cinématographique, sortie fin octobre, qui a déjà été vue par près d’un million de Finlandais. « L’irresponsabilité de l’article », affirme-t-il, a le même effet que « si un soldat criait aux forces ennemies de prendre garde, car le sergent Antti Rokkas [le héros] et sa puissance de feu sont là et qu’ils sont accompagnés d’un éclaireur ».

Le rédacteur en chef du Helsingin Sanomat, Esa Mäkinen, défend pour sa part le droit d’informer, alors que la Finlande prépare une réforme du renseignement militaire qui pourrait, selon lui, limiter les libertés individuelles.

Habitués à se trouver en position d’accusés, les Russes n’ont pas tardé à réagir. « Nous ne...