Racheté par Thales, Gemalto rentre au bercail
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Racheté par Thales, Gemalto rentre au bercail

Le roi de la carte à puce a été fondé il y a 30 ans par d’anciens ingénieurs du groupe de défense, alors Thomson-CSF. Il tombe aujourd’hui dans son giron, faute d’avoir pu devenir l’Intel français.

Le Monde | • Mis à jour le | Par

Le groupe de défense Thales a annoncé le 17 décembre qu’il rachetait Gemalto, spécialiste de la carte à puce.

Chronique. La plus vieille start-up française retourne à la maison, après un très long voyage. En 1988, six ingénieurs claquent la porte de Thomson-CSF pour se lancer dans l’aventure de la carte à puce, une technologie qui n’intéressait pas vraiment le groupe de défense. Ils créent Gemplus, qui deviendra Gemalto, roi des cartes téléphoniques (SIM) et de paiement bancaire.

Trente ans plus tard, Gemalto est racheté pour 4,8 milliards d’euros par Thales, nouveau nom de Thomson-CSF. Trente ans à bourlinguer avant de retourner dans le giron de l’entreprise fondée en 1893 pour exploiter en France les brevets d’un groupe électrique américain, d’où son patronyme anglo-saxon.

Comme Johnny Hallyday, Thomson a longtemps été le rêve américain d’une certaine France profonde et industrieuse. Et l’est peut-être encore, version Silicon Valley, si l’on en juge par les commentaires enthousiastes qui entourent ce rachat surprise. La France dispose enfin d’un leader dans un domaine clé de la révolution numérique, en l’occurrence celui de la cybersécurité.

« Happy end »

On comprend que les ingénieurs de Gemalto se sentent finalement plus à l’aise avec leurs collègues de Thales, industriels de la défense dans l’âme, qu’avec les informaticiens d’Atos et leur culture de service. Surtout quand on leur garantit une forme de continuité à l’intérieur de la maison mère. Et l’Etat applaudit à cette forme de « happy end » pour une entreprise tellement stratégique qu’elle a grandement intéressé les Américains à plusieurs reprises. Le fonds Texas Pacific Group avait volé à son secours en 2000 et placé à sa tête un président réputé proche du renseignement américain. Et en 2011, les services des Etats-Unis et du Royaume Uni avaient allègrement piraté les cartes SIM que Gemalto avait fournies à ses centaines de clients opérateurs téléphoniques.

Gemalto ne sera donc pas Intel, l’entreprise électronique californienne, fondée dans les années...