
Ce n’est ni un drame ni une apothéose. C’est une élection destinée à désigner les membres de l’Assemblée d’une collectivité territoriale : la Corse. Cette élection se renouvellera dans trois ans. Que peut-il se produire d’ici là ? Je ne sais pas qui a inventé ce terme de « collectivité territoriale », sans doute pour ne pas dire pays, province, région, nation, peuple ; il est d’une abstraite nullité, mais il est constitutionnel. Comme Paris, la Corse est une « collectivité territoriale à statut particulier ». Comme la Sardaigne ou le Béarn, elle fut un royaume, soumis à l’Aragon, à Pise, puis à Gênes, bien que la donation de Constantin en eût confié la souveraineté au pape. Devenue française, après 1768, elle a pris la forme d’un « pays d’états », comme le Languedoc, plus libre, dans l’Ancien Régime, qu’un pays dit d’élection. En rédigeant en 1788 leurs cahiers pour les états généraux, les Corses parlèrent au nom de la « nation corse », les Provençaux au nom de la « nation provençale ».
« Collectivité territoriale » ou autre statut ?De la Révolution française à 2017, l’île a été constituée d’un ou deux départements. Le général de Gaulle a voulu une région et sortir le département d’un conglomérat où la IVe République l’avait placée avec la Provence et le pays niçois. Quand les régions sont advenues, MM. Deferre, Joxe, Rocard et Jospin ont, chacun, contribué à lui donner un statut particulier. François Mitterrand est allé jusqu’à citer le « peuple corse » dans la Constitution. Cela lui a valu un coup de règle sur les doigts de la part du Conseil constitutionnel. François Hollande, le plus discret de ses réformateurs, a supprimé les deux départements. Reste la « collectivité territoriale ». C’est dire que les Corses sont habitués à changer de statut et fertiles à en imaginer. Ce qui est le cas des nouveaux élus, qui, certes, devront administrer, mais qui aimeraient aussi proposer, voire négocier un autre statut....