
Les voyageurs et expatriés en ont tous fait l’expérience : vient toujours un moment où votre interlocuteur, qu’il soit anglais, allemand, algérien ou américain, vous interroge : « Alors, Macron ? » Sa jeunesse séduit, sa femme intrigue, bien sûr, mais il suscite plus que de la simple curiosité : une envie de comparaison. Ainsi, le 6 décembre, la seule déambulation d’un chef d’Etat de 39 ans dans le centre d’Alger a paru presque subversive dans un pays dirigé par des octogénaires. « On ne le connaît pas, mais on est venu car il est jeune », expliquaient avec un sourire trois amies, d’une trentaine d’années, pressées contre les barrières de sécurité. Même en Europe, dont Angela Merkel est le visage dominant depuis dix ans, l’irruption d’un dirigeant de vingt-trois ans son cadet semble comme un signal supplémentaire de son possible affaiblissement. Il est jeune, donc. Bon communicant. Réformateur affiché. Suffisamment plastique pour rassurer, trop neuf aux responsabilités pour décevoir.
« Plus jeune que Kennedy, plus libéral que Blair, plus européen que Schröder », écrivait le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung entre les deux tours de la présidentielle. Dans l’éventail des dirigeants ayant marqué l’Occident, on cherche encore où le situer. « Est-il un nouveau Matteo Renzi ? », s’interrogent les Italiens, c’est-à-dire une chance pour l’Europe, comme l’appellent encore de leurs vœux les réformateurs de la Péninsule, ou l’enfant des élites mondialisés critiqué par la Ligue du Nord et le mouvement populiste 5 Etoiles ?
L’interrogation n’est pas moins forte au Royaume-Uni. « Le pays de la Révolution est redevenu un laboratoire social majeur », s’extasie Adam Plowright, auteur de la première biographie en anglais du président français, The French Exception : Emmanuel Macron – The Extraordinary Rise and Risk (« l’exception française : la percée...