Elisabeth Borne, « Madame Mobilité »
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Politique
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Elisabeth Borne, « Madame Mobilité »

La ministre des transports entend mettre en œuvre un changement radical de politique : fini les projets pharaoniques, priorité aux déplacements du quotidien.

Le Monde | | Par

Elisabeth Borne à Paris, le 15 décembre.

Samedi 11 novembre 2017, Paris, arc de Triomphe. Une brochette de personnalités attend, sous la pluie et dans le froid, que le président Macron en ait fini avec la cérémonie. Flamme ravivée, sonnerie aux morts, selfies avec les badauds… Au premier rang, Nicolas Sarkozy se tourne vers Elisabeth Borne, que le hasard a placée derrière lui : « Madame la ministre, il faut continuer à faire des lignes à grande vitesse. Moi j’en ai lancé quatre. »

Tel est le quotidien d’Elisabeth Borne, nommée en mai ministre des transports par Emmanuel Macron pour mettre en œuvre un changement radical de politique de mobilité : priorité aux transports du quotidien, fini les grands projets pharaoniques. L’ex-patronne de la RATP est confrontée sans cesse aux suppliques de grands élus réclamant avec force un TGV, un canal de grand gabarit, un supertunnel pour leur ville ou leur circonscription.

L’inauguration par Mme Borne, lundi 18 décembre, du contournement de Nîmes et Montpellier, ne devrait pas déroger à la règle. Le projet a beau être la quatrième ligne à grande vitesse (LGV) ouverte en dix-huit mois (après le prolongement du TGV Est, Tours-Bordeaux et Le Mans-Rennes), il a beau avoir coûté 2,3 milliards d’euros, soit 28 millions du kilomètre, les « quémandeurs de TGV » auront été sans doute au rendez-vous.

Tout ce que la région Occitanie compte de décideurs, de potentats locaux, de présidents d’exécutifs régional ou municipaux n’aura pas manqué de lui reparler de l’« indispensable » LGV Bordeaux-Toulouse ou de la « nécessité vitale » de l’extension vers l’Espagne d’une liaison à 300 km/h. Cette pression semble laisser de marbre Madame la ministre. Seule une envie irrésistible de tirer sur la cigarette électronique goût mentholé qui ne la quitte jamais trahit parfois sa nervosité.

A la veille de l’inauguration, Elisabeth Borne reçoit Le Monde dans son vaste bureau du ministère des transports. Cheveux courts,...