Immigration et diversité
LIVE Journée des migrants : posez vos questions sur la situation française
Un migrant, lors d’une manifestation à la frontière franco-italienne, à Menton, le 16 décembre 2017.

Journée des migrants : posez vos questions sur la situation française  

Quelles sont les mesures du « plan migrants » ? Qu’en pensent les associations ? Maryline Baumard, journaliste au « Monde », vous répond.

LES FAITS

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LE LIVE

  • Le Défenseur des droits et des associations dénoncent le durcissement de la politique du gouvernement concernant les migrants

  • Les associations déplorent la hausse des expulsions et des contrôles malgré

  • Le ministre de l'intérieur, Gérard Collomb, a défendu lundi sa "politique de raison" face aux 95 000 demandes d'asile reçues cette année en France



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Le Monde
Quel budget l'Etat consacre-t-il aux migrants? Combien coute un migrant aux contribuable?

-Marc A
 
Maryline Baumard. Cette question est difficile. La réponse va dépendre de l’échelle de temps sur laquelle on se place. Si on regarde à un instant T qui est celui des arrivées, il est évident que cela a un coût pour le pays. Mais il faut évidemment se projeter et regarder à moyen terme. Or, tous les économistes sont d’accord pour observer que les migrants “rapportent” plus qu’ils ne coûtent. Ce sont des personnes jeunes qui ont une obligation de travailler pour envoyer de l’argent et qui ont une volonté de refaire leur vie. Il faudrait se demander pourquoi on a aussi peu entendu le patronat depuis le début de ce qu’on appelle couramment la “crise” migratoire. En fait, les migrants apportent une main-d’œuvre pas chère qui permet de faire tourner des secteurs entiers de l’économie. C’est un tabou, mais c’est bien réel ! 
Le Monde
Bonjour, tout d'abord, merci pour vos articles qui sont toujours très intéressants. Qui porte la politique migratoire au sien du gouvernement : il me semble que Gérard Collomb avait été plus ou moins contredit par E.Macron en juillet, mais pourtant la ligne dure a depuis été reprise ? Est-ce juste un partage des rôles ? Y a t il des pressions d'autres ministères (arbitrages budgétaires...) ou européennes qui dictent cette politique "de raison" qui apparaît de plus en plus éloignée de la réalité locale (éloignement des associations, appel des maires, mobilisations citoyennes...)

-JBA
 
Maryline Baumard. Vous avez raison quand vous suggérez que c’est le ministère de l’intérieur qui a la main. Ce n’est pas tout à fait nouveau, parce que cette prise en charge par la place Beauvau date de l’ère Sarkozy. Cela dit, le glissement est de plus en plus manifeste et la volonté du ministère de l’intérieur de contrôler les centres d’hébergement d’urgence est une première dans l’histoire du pays. 
Pour le petit jeu politique entre Beauvau et l’Elysée, je pense que dans la politique du “en même temps” ces deux approches sont nécessaires. J’ai envie de dire “seraient” nécessaires… En fait, Emmanuel Macron parle et Gérard Collomb agit. Jusqu’à quand… ça, on ne sait pas vraiment. Ce que l’on sait, aujourd’hui, c’est que Matignon entre aussi dans la danse. Jusqu’à présent, le premier ministre n’intervenait pas sur ce sujet. Cette fois, inquiet que les associations aient claqué la porte du ministère de l’intérieur, il va, de son côté, recevoir et écouter les doléances.
Le Monde
Bonjour Mme Baumard, dans vos articles vous adoptez une position excessivement critique contre les pouvoirs publics et vous défendez sans modération ceux qui de facto encouragent l'immigration clandestine. Or les élections en Europe montrent bien que l'immigration clandestine constitue le principal carburant de l'extrême-droite. N'est-il donc pas plus que souhaitable de faire une distinction claire entre migrants économiques et dublinés ayant vocation à être expulsé, et les réfugiés ayant eux vocation à se voir accorder le droit d'asile ? Et aussi de faire gagner en efficacité l'expulsion des déboutés du droit d'asile ?

-JOJO
 
Maryline Baumard. Je travaille en “journaliste”. Entendez par là que je me déplace sur le terrain pour observer dans quelle condition la France accueille, y compris ceux qui veulent demander l’asile mais en sont empêchés. Le terrain ne ment pas et ne prend pas parti. Il y a des gens qui risquent de mourir de froid, il y a de l’indignité choquante dans la manière dont la cinquième puissance économique reçoit les entrants dans le pays. En revanche, je pense que le principal carburant de l’extrême droite en Europe est moins la migration que la migration mal gérée, en campement à l’orée des villes. Il y a eu de nombreux cas de manifestations racistes avant que des exilés arrivent dans des villes. Une fois qu’ils sont là, de façon organisée, les manifestations se calment et les craintes s’estompent. Là encore, je ne parle pas de façon théorique, mais à partir des reportages que j’ai pu faire. 
 
Pour le distingo entre migrants économiques et réfugiés, les choses ne sont pas aussi simples que cela. Lorsque commencent à s’ajouter aussi les réfugiés climatiques, cela instaure encore une difficulté… Je n’ai pas toutes les réponses, mais je suis là pour raconter ce qui se passe sur le terrain et comment nos cases intellectuelles sont bousculées par les arrivées depuis 2015. 
 
Le Monde
L'aide aux migrants est- elle autorisée par la loi ?

-Bernard
 

Maryline Baumard. Le sujet est complexe. En fait, on peut aider un demandeur d’asile, on peut aider un mineur reconnu comme tel. Ces personnes sont autorisées à être en France, donc, normalement, il ne devrait pas y avoir de problème. Le sujet est plus délicat pour les personnes qui n’ont pas de statut. Les citoyens solidaires qui sont poursuivis ont souvent aidé des exilés qui souhaitaient déposer l’asile mais ne l’avaient pas encore fait, et n’étaient donc pas légalement sur le territoire. En plus, ces personnes sont souvent poursuivies pour des faits annexes. Souvenons-nous du prêtre qui avait hébergé des demandeurs d’asile et auquel on avait reproché de l’avoir fait dans des locaux non conformes !
Je veux dire par là que les choses sont compliquées et qu’il y a une tendance aujourd’hui à poursuivre ceux qui aident sous couvert d’autres motifs que “l’aide à l’entrée et au séjour”.

Le Monde
Une fois que les migrants sont en France qu'adviennent-ils ? Veulent-ils rester ? Repartir ?

-Bri
 
Maryline Baumard. Il faut distinguer à l’arrivée en France ceux qui auront l’asile et ceux qui ne l’auront pas. Si l’on prend le cas des Syriens, qui, à 99 % obtiennent le statut de réfugiés, ils rêvent de rentrer dans leur pays dès que la situation le leur permettra. Les Soudanais rêvent de repartir aussi. Mais ils ne peuvent le faire tant la situation du Darfour est difficile. Il y a bien évidemment aussi, dans les entrées, des migrants économiques. Ils viennent parce qu’ils ne peuvent subvenir à leurs besoins dans leur pays. Souvent, ils rêveraient de pouvoir rentrer mais doivent rester en Europe pour permettre à leur famille de survivre. Ce n’est jamais de gaieté de cœur que l’on quitte son pays.
Le Monde
Le gouvernement a-t-il consulté les associations quant à son plan d'action et à sa politique migratoire ?

-Matthieu G.
 
Maryline Baumard. Bonjour. Et merci pour votre question qui nous permet une bonne entrée en matière sur la politique migratoire menée par le gouvernement. Le gouvernement Philippe a été nommé en mai et a annoncé dès le 12 juillet un plan migration. Cela s’est fait sans concertation aucune. Ensuite, les associations ont demandé de nombreuses fois l’ouverture d’une concertation. En vain à nouveau. Le monde associatif a été reçu par l’entourage du ministre de l’intérieur, certes, mais n’a jamais été entendu. Ce qui a abouti le 8 décembre à un coup d’éclat : la grande majorité des associations qui s’occupent de l’accueil des migrants a claqué la porte d’une réunion avec le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, et avec le ministre de la cohésion des territoires, Jacques Mézard.
Le Monde
Le tchat avec Maryline Baumard commence. N'hésitez pas à lui poser vos questions sur la situation des migrants en France et la politique migratoire en France.
Le Monde
Pour pallier l'absence de prise en charge des migrants par les autorités publiques, des citoyens prennent souvent le relais, comme près de Briançon, où les migrants traversent la frontière enneigée au péril de leur vie :
 

Dans les Alpes, auprès des migrants, « on va redescendre des cadavres, un de ces jours »

Le Monde.frAu col de l’Echelle, des habitants viennent en aide aux migrants qui traversent la frontière enneigée au péril de leur vie.
Le Monde
Vous pouvez lire cet article de notre journaliste qui dresse un état des lieux de la rudesse sans précédent avec laquelle sont traités les migrants : 
 

En France, une politique migratoire d’une dureté sans précédent

Le Monde.frPour la première fois, le ministère de l’intérieur met un pied dans l’hébergement d’urgence géré par les affaires sociales.
Le Monde
Quelles sont les grandes mesures du "plan migrants" ? Qu'en pensent les associations ? Quelle est la situation des migrants en France ? Vous pouvez poser vos questions à Maryline Baumard, journaliste du Monde chargée des questions migratoires. Elle y répondra à partir de 14 heures. 
Le Monde
Bonjour et bienvenue dans ce tchat, lancé à l'occasion de la journée internationale des migrants, et consacré à la politique migratoire du gouvernement.
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