Huit livres de voyage à mettre sous le sapin
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La Matinale du 16/12/2017
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Huit livres de voyage à mettre sous le sapin

Chaque dimanche, « La Matinale du Monde » vous invite au voyage. Cette semaine, à défaut de pouvoir offrir un séjour cinq étoiles à vos proches, optez pour ces pages qui donnent des envies d’ailleurs.

Le Monde | • Mis à jour le | Par

LES CHOIX DE LA MATINALE

Vous ne savez toujours pas quoi offrir à votre moitié ? Pourquoi pas cette BD-carnet de voyage en Ethiopie ? Ou ce récit d’un globe-trotteur en Iran ? A moins qu’elle ne préfère plonger dans le bleu des îles Grecques… Les librairies n’attendent plus que vous.

Les coulisses de l’Orient Express

Orient Express : rien n’incarne mieux le désir d’ailleurs que ce train de légende dont le nom seul donne envie de faire ses bagages. Publié à l’occasion de la sortie au cinéma de la nouvelle adaptation du roman d’Agatha Christie par Kenneth Branagh, cet Orient Express, de l’histoire à la légende est à la fois un livre de voyage – qui recense les villes et les paysages traversés par le célèbre train –, une encyclopédie du style – de la décoration aux menus, les images sont éblouissantes – et une galerie de portraits. On file donc de page en page de Londres à Istanbul et, au-delà, jusqu’au Caire, à Téhéran ou à Bombay en compagnie du roi des Belges Léopold II, du génial Calouste Gulbenkian ou de la princesse Bibesco. Inauguré en 1883, l’Orient Express devient immédiatement un sujet de romans, et les principaux sont cités ici. « Rien ne commence par la littérature, écrivait Paul Morand, mais tout finit par elle, y compris l’Orient Express. »

Orient Express, de l’histoire à la légende, de Guillaume Picon, photographies de Benjamin Chelly, préface de sir Kenneth Branagh, Albin Michel, 260 p., 49 €

La bible du Routard

Pour fêter le cap des 50 millions de guides vendus, Philippe Gloaguen et l’équipe du Routard ont décidé de changer de format. Ce grand beau livre est une source de 1 000 idées pour partir à la découverte du vaste monde. Ici les merveilles de la nature, là le « monde en fête » ou les villes pour le temps d’un week-end… Les voyages ne sont pas classés par continents ou par pays, mais par envies et passions. Malin. Que vous vouliez faire le tour du monde des ports mythiques, des « phénomènes naturels les plus extraordinaires », des lagons de rêve ou des plus beaux marchés du monde, cet ouvrage vous entraîne aux quatre coins du globe. Des dossiers pratiques sur le woofing (qui consiste à payer son gîte par son travail) ou le cargo permettent aussi d’aborder la question de comment voyager, en plus du simple « où partir ? ». On a bien du mal à refermer ce livre encyclopédique si richement illustré.

Voyages, tout un monde à explorer, Le Routard, Hachette Tourisme, 368 p., 35 €

Le Canada sur papier glacé

Que seraient les photos réalisées par le Norvégien Solve Sundsbo dans les paysages immenses de Colombie-Britannique, au Canada, sans l’incroyable travail de mise en page et d’impression (dirigé par Michel Mallard) du très beau livre sobrement intitulé British Columbia dans la collection « Fashion Eye » chez Louis Vuitton ? Le papier ultra-brillant fait vibrer les étendues enneigées et désertes, l’absence de commentaire laisse toute sa place au rêve et la postface d’Alain-Paul Mallard donne les clés. Solve Sundsbo a découvert ce coin perdu et hostile du monde grâce à sa passion pour le ski, et plus précisément pour l’héliski. Ce sont donc des images opportunistes d’un skieur allant skier qui se souvient qu’il est photographe, et qui tente de saisir la beauté des montagnes qu’il survole avant d’en dévaler les pentes. Le résultat est un petit chef-d’œuvre formel, un objet rare.

British Columbia, de Solve Sundsbo, Louis Vuitton, édition bilingue français/anglais, 96 p., 50 €

La mélancolie des paradis

Que cet Atlas des paradis perdus est beau et comme il fait rêver ! Grand voyageur, Gilles Lapouge dresse un inventaire subjectif, à travers le monde, des « olympes provisoires capables de luire quelques jours ou quelques siècles à l’horizon de nos mélancolies ». Du désert de Retz non loin de Paris, à l’île Pitcairn dans le Pacifique où les révoltés de la Bounty (Lapouge tient au féminin pour ce navire anglais) trouvèrent refuge, en passant par l’Atlantide, ce continent mythique qui se confond avec les îles Canaries, il mélange sans les distinguer des destinations réelles et irréelles, vivantes ou disparues, entre légendes anciennes et grande histoire. Ses invitations aux voyages sont pleines de mélancolie. L’idée de fuir le monde domine, vers l’enfance du roi Louis II en son château de Hohenschwangau, vers l’utopie de Charles Fourier au familistère de Guise ou « à la poursuite des immortels » en Chine, au mont Penglai. D’une érudition parfaite et légère, ces pages sont un voyage à elles seules, en compagnie d’un écrivain généreux.

Atlas des paradis perdus, de Gilles Lapouge, illustrations de Karin Doering-Froger, Arthaud, 128 p., 25 €

L’Abyssinie en bulles

Jolie traversée que ces carnets de voyage entre dessins et photographies qui nous conduisent de Djibouti à l’église Sainte-Marie-de-Sion, à Axoum, où reposerait l’Arche d’Alliance, en passant par Lalibela (« la Jérusalem noire ») et Harar où vécut Arthur Rimbaud. Ce lent « pèlerinage abyssin » d’un homme qui quitte la France en pleine crise conjugale en espérant « que peut-être ce sera différent à mon retour » a quelque chose de touchant. Dans une Ethiopie bien réelle à laquelle se heurtent les rêves et le spleen du voyageur solitaire, les rencontres et les émerveillements ne manquent pas. BD épistolaire jetée comme une bouteille à la mer à une absente qui s’appelle tantôt « Claire », tantôt « Ma Claire » et parfois « Mon amour », ce joli livre est aussi l’autoportrait d’un homme qui doute. C’est là tout son charme.

Abyssinie, une traversée dessinée, de Joël Alessandra, Paulsen, 192 p., 24,90 €

Les îles grecques, 40 ans, pas une ride

Plus qu’un guide, c’est « le portrait personnel d’une région » qu’écrit Durrell en 1977 pour répondre à la commande de son éditeur. Rapidement devenu un classique, Les Iles grecques n’a rien perdu de sa force, et Bartillat fait bien de le republier. Certes Durrell arrive à Corfou en bateau par l’Italie, ce que plus personne ne fait, mais ce qu’il perçoit de la lumière de la plus grande des îles ioniennes est toujours vrai, « l’impression que l’île tout entière est une espèce de loupe solaire ». On connaît certaines des îles, d’autres que l’on aime n’y sont pas, comme Amorgos, mais on dévore les pages sur celles qui restent à découvrir. Sur Mykonos, par exemple, Durrell dit déjà l’essentiel. D’une part qu’elle souffre de « son excessive popularité récente et de touristes douteux », en s’excusant aussitôt de ce qualificatif, mais d’autre part que « malgré tout ce que le tourisme a pu lui faire, il faut voir Mykonos ». Les deux propositions restent vraies. Parce que, en fin d’ouvrage, son « calendrier des fleurs et des fêtes » est aussi précieux qu’intemporel, parce que sa lecture enchantera également les voyageurs immobiles et les backpackers, et parce que c’est Durrell, il faut lire (ou relire) ces Iles grecques.

Les Iles grecques, de Lawrence Durrell, traduit par Didier Coste, Bartillat Omnia Poche, 352 p., 12,90 €

L’Iran chez l’habitant

Journaliste au Spiegel online, adepte du couchsurfing, l’Allemand Stephan Orth est parti en Iran comme on part à l’aventure. En dormant chez l’habitant, Orth a pris des risques (le livre commence par un interrogatoire dans un poste de police), mais il a gagné la confiance des Iraniens croisés au fil des 9 000 kilomètres qu’il a parcourus. Derrière les portes closes, comme le dit le titre, c’est-à-dire dans la sphère privée, familiale, le jeune Allemand découvre une population plus libre que ce qu’il imaginait. L’alcool s’invite dans les fêtes, les femmes contestent leur statut dans la société, les lignes bougent. Dans le parc Goftegoo, à Téhéran, il a une discussion hallucinante – et hilarante – avec des amateurs de SM particulièrement doctes. De Bam à Shiraz, de Meched à Ispahan, on suit ses aventures avec l’envie de marcher dans ses pas.

Derrière les portes closes, Mes aventures en Iran, de Stephan Orth, traduit de l’allemand par Hélène Boisson, Petite Bibliothèque Payot Voyageurs, 352 p., 9,20 €

Le Chianti à bicyclette

Livre singulier d’un cycliste amateur… amateur de chianti, ce récit s’ouvre par ces mots : « Ma maison donne sur une route et cela, déjà, apparaît comme une chance. » On sait donc qu’on a affaire à un demi-fou, mais il est tellement sympathique, cet Emiliano Gucci, qu’on veut bien le suivre pour faire peloton entre deux verres de rouge. Assez énervé contre les clichés, il tente de les combattre en décrivant une Toscane viticole sans emphase. « Le roi du chianti, c’est le sangiovese, affirme-t-il, étrusque, donc toscan, complexe et austère. » On veut bien le croire. Gucci passe de l’histoire du vin à celle du cyclisme en un coup de pédale. Son coureur préféré, c’est Fiorenzo Magni, originaire du Prato, mort en 2012 à 91 ans. Comme le petit Emiliano est né en 1975, il n’a jamais vu rouler Magni mais il l’admire pour son Tour d’Italie de 1956, devenu légendaire. Un livre de printemps et d’été qu’il faut prendre avec soi sur les routes qui entourent Sienne, Florence ou Empoli.

A vélo, dans les vignes de Toscane, d’Emiliano Gucci, traduit de l’italien par Patrick Vighetti, Elytis, 144 p., 18 €

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