Comment Emmanuel Macron se comporte en « DRH » de la République
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Comment Emmanuel Macron se comporte en « DRH » de la République

Depuis son arrivée à l’Elysée, le chef de l’Etat court-circuite les ministres en recevant avant leur nomination les futurs directeurs d’administration centrale, en tête-à-tête.

Le Monde | • Mis à jour le | Par

Emmanuel Macron et Edouard Philippe, premier ministre, à l’Elysée, le 18 mai.

Des rendez-vous très discrets, qui ne figurent jamais à l’agenda officiel. Depuis six mois, Emmanuel Macron reçoit dans son bureau à l’Elysée les directeurs d’administration centrale, juste avant leur nomination en conseil des ministres. Pratique inhabituelle, si ce n’est inédite, sous la Ve République, le chef de l’Etat voit les intéressés en tête-à-tête, pour les jauger et leur donner leur feuille de route.

Ces derniers mois, le président de la République a reçu les trois nouveaux directeurs d’administration centrale du ministère de la justice : Rémy Heitz, directeur des affaires criminelles et des grâces, Stéphane Bredin, directeur de l’administration pénitentiaire, et Peimane Ghaleh-Marzban, directeur des services judiciaires.

Il a convié également le nouveau directeur de la législation fiscale (DLF) de Bercy, Christophe Pourreau. Ou encore le directeur général de la police nationale, Eric Morvan, et le directeur général de la sécurité intérieure, Laurent Nunez. Une liste non exhaustive, tant la pratique est devenue systématique et témoigne de l’exercice du pouvoir du nouveau chef de l’Etat.

Les futurs nominés sont priés de se plier à la nouvelle règle. « Ce n’est pas un rendez-vous de courtoisie pour faire connaissance », raconte un directeur, qui a été reçu pendant une demi-heure pour un entretien « très dense. J’ai été impressionné par la manière dont le président prépare les entretiens. Il avait lu ma lettre de candidature et avait des questions et des interrogations très précises. J’avais été reçu auparavant par le premier ministre puisqu’il ne serait pas logique que je voie le président sans voir le premier ministre. »

« Il y a toujours eu une barrière invisible »

Certes, les impétrants restent généralement présélectionnés par les ministères concernés, puis passés au crible d’un comité de hauts fonctionnaires sous l’autorité de Matignon. Mais ces rendez-vous ultimes de validation...