En France, le rôle majeur de la dépense publique
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Économie
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En France, le rôle majeur de la dépense publique

Le revenu moyen des 1 % les plus riches a progressé de 98 % entre 1983 et 2014, contre 31 % pour le reste de la population.

Le Monde | • Mis à jour le | Par

Avis d’imposition.

On a beaucoup glosé sur le pessimisme des Français. Leur crainte face à la mondialisation, leur tendance, selon la formule de l’économiste Jean Pisani-Ferry, « à dépeindre systématiquement le gris en noir ». Dans une enquête réalisée par France stratégie en 2016, un tiers d’entre eux s’inquiétait de sombrer un jour dans la pauvreté. Une déprime d’autant plus paradoxale que l’Hexagone demeure l’un des Etats les plus égalitaires au monde. Malgré un chômage élevé, les antagonismes sociaux y sont beaucoup moins prononcés qu’aux Etats-Unis, la distribution des revenus plus équilibrée. A quoi tient le malaise français ?

Certes, relève le rapport sur les inégalités publié jeudi 14 décembre par WID.world, la France est mieux lotie que la plupart des pays développés. Sur un siècle, la recomposition a été spectaculaire. En 1900, les 10 % les plus riches captaient la moitié du revenu national et 85 % du patrimoine. En 2014, ils ne détenaient plus que la moitié de ce dernier et un tiers du revenu. Les deux guerres mondiales ont rebattu les cartes : plus exposées aux faillites et aux aléas financiers, les grandes fortunes se sont étiolées. Parce qu’elle avait moins à perdre et plus à gagner, la classe moyenne, auparavant inexistante, a vu le jour. A partir de 1968, le niveau de vie des plus pauvres s’est également amélioré. Une tendance qui a duré jusqu’en 1983. C’est à ce moment-là que la trajectoire s’est inversée.

L’aggravation du chômage ont creusé les écarts

Avec « le tournant de la rigueur », sous le premier quinquennat de François Mitterrand, les salaires ont cessé d’être indexés sur les prix. L’évolution des rapports de force dans le monde du travail et l’aggravation du chômage ont creusé les écarts. Pour une écrasante majorité de Français, les « trente glorieuses » ont pris fin. Pas pour tous : d’après le rapport, le revenu moyen des 1 % les plus aisés (un peu plus de 500 000 familles) a progressé de 98 % entre 1983 et 2014, contre...