La dette américaine envers les esclaves
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La dette américaine envers les esclaves

Dans « Le Procès de l’Amérique (The Case for Reparations) », le journaliste américainTa-Nehisi Coates considère qu’aucune pacification ne saurait naître sans confrontation préalable à des sujets brûlants.

Le Monde | • Mis à jour le | Par

« Le Procès de l’Amérique (The Case for Reparations) », de Ta-Nehisi Coates, préface de Christiane Taubira, Autrement, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Karine Lalechère, 126 p., 12 €.

Livre. En 2014, quand il publie dans le magazine The Atlantic le long article intitulé The Case for Reparations, Ta-Nehisi Coates, né en 1975, n’est pas encore l’auteur d’Une colère noir (Autrement, 2016), qui enthousiasmera Barack Obama et Toni Morrison, et dont la prose scandée, racontant ce que c’est d’être un corps noir aux Etats-Unis – un corps sans cesse tenu pour suspect et menacé – lui vaudra le prestigieux National Book Award.

The Case for Reparations, aujourd’hui traduit sous le titre Le Procès de l’Amérique, Plaidoyer pour une réparation, impose le journaliste comme un chef de file d’une nouvelle génération d’intellectuels afro-américains, porteurs d’une radicalité tranchant avec la pondération d’auteurs plus âgés tels Anthony Appiah ou Cornel West, qui, vingt ans plus tôt, incarnaient l’espoir d’un apaisement des relations interraciales.

Non que Ta-Nehisi Coates refuse la perspective d’un apaisement. Au contraire. Mais aux yeux de cet homme, fils d’un ancien Black Panther, aucune pacification ne saurait naître sans confrontation préalable à des sujets brûlants : « Il est temps de laver notre linge sale en public, de régler nos comptes avec les fantômes du passé », écrit-il.

Comment ? En prenant à bras-le-corps la question de la dette morale contractée à l’égard des esclaves et de leurs descendants, et en se penchant sur la possibilité des réparations. « Si l’on parvenait à démontrer que (…) les conditions de vie dans l’Amérique noire ne sont pas inexplicables, mais qu’elles sont la conséquence logique et inévitable de plusieurs siècles d’ostracisme, cela obligerait la plus vieille démocratie du monde à une profonde remise en question. »

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Alors, posément, il s’attelle à démontrer ce fait, en s’appuyant sur des exemples concrets de ce que Christiane Taubira, dans la préface, désigne comme « cette épouvantable...