
Tribune. Il y a presque dix ans, Serge Regourd, professeur de droit à l’université de Toulouse Capitole, signait un ouvrage dont le titre, Vers la fin de la télévision publique ? (éd. Attribut, 2008), sonnait comme un avertissement. La situation est aujourd’hui plus que critique, comme nous le prouve la récente polémique concernant la réduction des émissions d’investigation, mais aussi les propos d’Emmanuel Macron qui, bien que virulents, contiennent indéniablement une part de vérité.
« Passer une émission culturelle sur une chaîne commerciale à 20 h 30, c’est un crime économique ! » Patrick Le Lay patron de TF1Patrick Le Lay, le patron de TF1, écrivait il y a trente ans dans le journal Libération que « passer une émission culturelle sur une chaîne commerciale à 20 h 30, c’est un crime économique ! C’est quand même à l’Etat d’apporter la culture, pas aux industriels ». Il avait été fustigé pour avoir écrit dans un ouvrage collectif (Les Dirigeants français et le changement, 2004), que « nos émissions ont pour vocation de rendre le cerveau du téléspectateur disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages (publicitaires) ».
Il ne faisait pourtant qu’énoncer une vérité, certes cynique, mais qui avait le mérite d’être franche. Le financement par le contribuable du service public audiovisuel doit donc permettre au citoyen téléspectateur de se voir proposer une diversité de sources d’informations et de types de programmes.
Créer du lien et donner du sensLa réforme engagée en 2008 par Nicolas Sarkozy sur la suppression de la publicité après 20 heures partait du principe que la publicité était néfaste pour la qualité du contenu des programmes. Force est pourtant de constater que, depuis dix ans, le contenu des programmes sur les chaînes publiques n’a cessé de se rapprocher de celui des chaînes privées.
Les causes...