En Indonésie, le procès d’une classe politique corrompue
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En Indonésie, le procès d’une classe politique corrompue

Un scandale de détournement de fonds publics, qui a vu l’équivalent de 145 millions d’euros disparaître des caisses de l’Etat et entraîné la démission du président du Parlement, irrite l’opinion publique.

Le Monde | | Par

Setya Novanto, ex-président du Oarlement indonésien, à Djakarta, le 21 novembre 2017.

Une nouvelle fois, Setya Novanto a essayé de se faire porter pâle. Président du Parlement indonésien jusqu’à sa démission forcée lundi 11 décembre, M. Setya n’a cependant pas pu se défiler. Il a comparu mercredi devant les juges pour son rôle d’instigateur dans un gigantesque scandale de corruption, qui a vu l’équivalent de 145 millions d’euros destinés au basculement vers une carte d’identité biométrique disparaître des caisses de l’Etat.

« Je souffre de diarrhée, j’ai demandé des médicaments mais on ne m’en a pas donné », a dit cette figure de la politique de l’archipel et symbole de ses dérives, dans l’espoir d’échapper pour quelques heures à sa destinée au pénal. « C’est un des mensonges de l’accusé », a écarté la procureure Irene Putri.

Transparency International présente le Parlement indonésien comme l’institution la plus corrompue du pays et l’affaire « e-KTP », du nom de la réforme des pièces d’identité adoptée en 2009, en est l’emblème. Elle est un test pour le président, Joko Widodo, à l’approche d’élections régionales, en juin 2018, et avant une présidentielle en 2019, où il pourrait se représenter. Les noms de trente-sept politiciens s’étant servis sur l’appel d’offres surévalué sont apparus dans l’enquête menée par la « KPK », la Commission d’éradication de la corruption.

Cupidité persistante des hommes de pouvoir

La création de cet organe d’investigation en 2002, quatre ans après la chute de Suharto, classé, toujours par Transparency, dirigeant le plus corrompu de l’histoire récente devant Mobutu, était en elle-même une gageure. Mais les détournements n’ont pas disparu et l’opinion s’indigne de la cupidité persistante des hommes de pouvoir, notamment de Setya Novanto.

Mi-novembre, les agents de l’anticorruption n’étaient pas parvenus à lui mettre la main dessus lors d’une descente à son domicile. Ses avocats avaient précisé qu’il n’était pas en cavale mais « très occupé, invité à plein d’événements...