
Tribune. Rien sans doute ne résume mieux les changements économiques et les défis politiques qui ont émergé au cours de la période actuelle de mondialisation que le schéma de « la courbe de l’éléphant » – ainsi nommé en raison de sa forme. Il permet de visualiser la répartition des individus, d’une part, sur l’échelle de la distribution mondiale des revenus (des plus pauvres aux plus riches) et, d’autre part, selon la progression de leurs revenus au cours des vingt-cinq à trente dernières années.
Grâce à cette courbe, on observe que, pendant la période considérée, la classe moyenne asiatique a vu ses revenus croître de façon sensible, allant, dans certains cas, comme en Chine, jusqu’à tripler, voire quadrupler. En revanche, les classes ouvrière et moyenne occidentales sont certes plus riches que la classe moyenne asiatique, mais leurs revenus n’ont presque pas augmenté. Enfin, les gens les plus fortunés de la planète ont vu leurs revenus et leur richesse au moins doubler.
Ce graphique a été représenté sous de nombreuses formes en fonction des données légèrement différentes utilisées à chaque fois. Dans la dernière version disponible, qui figure dans le récent World Inequality Report 2018, la progression des revenus des plus riches est encore plus forte que ce que l’on avait précédemment estimé.
Le principal message à retenir de cette courbe est qu’elle désigne clairement les gagnants et les perdants de la mondialisation. Les gagnants sont les riches du monde entier et l’Asie, les perdants, les classes moyennes occidentales. Celles-ci sont prises entre les deux feux de la concurrence et de l’indifférence : la concurrence des gens les plus formés et désireux d’effectuer le même travail pour un moindre salaire, et l’indifférence de leurs riches compatriotes à l’égard de leurs difficultés.
Essayons maintenant d’imaginer à quoi pourrait ressembler ce tableau en 2050. Il est peu probable que le monde riche actuel...